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Lake Placid 2


Lake Placid 2

Titre original :Lake Placid 2 : Croc Alley

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :David Flores

Année : 2007

Nationalité : Etats-Unis / Bulgarie

Durée : 1H24

Genre : Repompe en croco

Acteurs principaux :John Schneider, Cloris Leachman, Sarah Lafleur et tout un tas de figurants bulgares

Rico
NOTE
2/ 5


La jaquette de ce qui semble être un DVD belge, qui illustre bien ce qu'est ce film.


Vous vous souvenez de "Lake Placid" (et Muzo, comme ça c'est fait on n'y reviendra plus) ?
Ce film de crocodile géant sorti en 99 marqua, avec "Peur Bleue" et "Anaconda", le retour du film d'attaque de grosses bêtes affamées. Un genre jusqu'alors franchement en déclin depuis les riches heures de la vague post "Dents de la mer" du début des années 80. La recette de "Lake Placid" : une bonne série B au sens noble du terme, avec des effets spéciaux convaincants, quelques têtes d'affiches comme Bill Pullman, Bridget Fonda, Brendan Gleason ou Oliver Platt et surtout un scénario se jouant aimablement des lieux communs du genre, pour ménager à la fois du suspense et une distance suffisante par rapport au sujet. Il faut dire que scénarisé par David E. Kelly, le créateur d'"Ally Mac Beal" et de "The Practice", le film s'amusait à détourner les clichés propres à ce genre très balisé pour mieux nous surprendre. Le meilleur étant encore d'apprendre que le croco géant du film était amoureusement nourri de vaches bien grasses par une aimable petite vieille le considérant comme son gros bébé.


Le film original.


Alors quand on voit sortir un "Lake Placid 2", on se dit légitimement : tiens, ça peut être pas mal.
Ben non. Ouh là là non. N'espérez pas une suite de "Lake Placid". Pur film d'exploitation tourné à la va vite pour satisfaire la télé câblée et les vidéo clubs, c'est tout au contraire un remake opportuniste et quasi complet du premier film sans une seule idée originale. Le réalisateur, déjà pas aidé par des effets spéciaux numériques particulièrement calamiteux, se contente de reprendre la trame du premier "Lake Placid" sans ajouter la moindre nouveauté et, pire encore, en profite pour se vautrer allègrement dans les poncifs les plus éculés du genre, de ceux que son prédécesseur s'appliquait justement à détourner.


Ce film est une projet un peu particulier orchestrée par la chaîne de télé câblée "Sci Fi" (rebaptisée depuis "Sy Fy") qui s'est mise en tête de financer des films pour boucher les trous de sa grille. Le cahier des charges est simple pour les petites sociétés de production qui se lancent dans l'aventure. On vous donne un concept idiot qui se résume à un titre qui claque sa race et vous nous faites un film pour trois-quatre millions de dollars. L'air de rien, ils en financent une bonne quinzaine par an et sont devenus une vraie mine d'or qui a complètement relancé la production de films d'exploitation ces dernières années.
Un film qui tient sur une idée, voire parfois même sur un seul mot... Et chez "Sci Fi", on ratisse large, il suffit que le concept de base en mette plein les mirettes et donne envie au gogo de se brancher sur "Sy Fy". Et tant pis si à l'écran ça ne suit pas. Ils ont commencé en douceur avec des concepts éprouvés : un peu de films catastrophe, du film d'horreur classique ("Voodoo Moon", "Never cry werewolf"), de l'extraterrestre en goguette ("Epoch Evolution", "They are among us"). Mais rapidement leur grand truc, là où ils atteignent le génie pur, c'est quand ils ont abordé le film de monstre. Ils ont commencé par taper dans le classique, avec "Boa", puis "Python", puis "Boa vs Python"… et puis histoire de faire encore plus rigolo, on varie les plaisirs. Par exemple pourquoi ne pas lâcher des bestioles préhistoriques au XXIème siècle : "Ptérodactyles", "Raptor Island", "Mammoth", "Sabertooth". Ou des monstres mythologiques : "Cerbérus", "Basilic", "Warbirds", "Manticore", "Harpies"…


Quelques unes des productions "SciFi". Hélas, le ramage vaut très rarement le plumage....


Et mine de rien, ça se revend bien sur les chaînes de télé du monde entier puisque même chez nous on en voit traîner un paquet sur RTL9 ou NT1. Nous à Nanarland, on va pas s'en plaindre, ça nous assure de la chronique jusqu’au prochain millénaire ! Hélas soyons honnêtes, la plupart du temps c'est vraiment pas bon : on prend deux trois has been, des images de synthèse pourries et on tourne le tout en Bulgarie ou au Mexique sur un canevas usé jusqu'à la corde
Et puis, poussant le bouchon toujours un peu plus loin, ils ont entrepris de racheter les droits de films fantastiques à succès pour faire des suites illégitimes. C'est plutôt réussi quand il s'agit de série télé ("Galactica", "Tremors"), c'est toujours assez mauvais quand c'est pour faire des films : "Charlie" ("Firestarter"), "Anaconda" (il en sont au 4) etc. etc.
Donc là ils se sont attaqués au film de croco en s'offrant la franchise "Lake Placid". Un rachat qui a peut-être dû leur coûter plus cher que prévu puisqu'au final le budget propre du film plafonne péniblement à deux millions de dollars. Et pour tourner un film convenable de nos jours c'est vraiment pas beaucoup...


Il revient et il n'est pas content.


Je vous rappelle le sujet. Dans un petit lac du Maine, des gens sont attaqués par un crocodile géant. Comme on est quand même quasiment à la frontière canadienne, c'est assez inhabituel. Le shérif local et une responsable des eaux et forêts enquêtent, bientôt rejoints par un chasseur vaniteux et son boy/assistant/esclave qui se verrait bien ramener un nouveau trophée pour sa collection. Pendant ce temps, le fils du shérif, ado en pleine crise de rébellion hormonale, part faire un tour au bord du lac avec quelques copains (le petit dur, le gros rigolo, la bimbo superficielle, la fille sympa, belle, intelligente qui part avec son chien. Devinez qui va survivre ? Gagné !). Au fur et à mesure que la traque du saurien s'éternise et que le casting se fait bouffer, les regards se tournent vers une vieille dame excentrique, qui vit recluse dans sa cabane au bord de l'eau et semble en savoir long sur les mystères du lac.
Ce qu'il y a d'assez fascinant, c'est que le premier Lake Placid se servait des codes du film de monstre pour les détourner systématiquement et ainsi surprendre le spectateur. Le croco attaquait quand on s'y attendait le moins, on ne savait pas qui allait mourir en premier, le tout ménageant des pauses de dialogues assez savoureuses. Bref, en se jouant des poncifs du genre, Lake Placid était un film de croco post-moderne. Lake Placid 2 prend le même scénar, quasiment les mêmes personnages et surtout commet l'exploit de reprendre ces clichés détournés pour les remettre parfaitement à l'endroit, histoire de désamorcer toute surprise, devenant par la même le premier film post-post moderne. Ca va trop vite pour moi…




Un peu de plans nichon tranquille et soudain : le drame.


Si vous avez vu le premier (ou même simplement quelques films de monstres géants), il n'y a plus aucune surprise, les personnages secondaires mourant les uns après les autres exactement dans leur ordre d'importance à l'écran. On peut même prédire à la seconde près les différents rebondissements du film, notamment les attaques du saurien, les personnages, caricaturaux à souhait, se comportant au passage de façon parfaitement crétine.
Quand vous tuez un crocodile géant dans un lac, vous auriez l'idée d'installer votre campement au bord de l'eau et d'aller dormir sans se demander s'il est tout seul et sans faire le moindre tour de garde ? Et si, après que la moitié de vos potes ait mystérieusement disparue, vous tombez sur un nid rempli de gros œufs étranges, vous vous mettriez à jouer avec sans vous inquiéter de l'existence de la maman qui a pondu tout ça ?



Ouais des oeufs tout chelous ! Faisons les cons avec !


Le pompon étant de réussir à harponner par accident un hydravion en plein vol alors qu'on tire sur un crocodile au ras de l'eau.




Comment harponner un avion quand on vise un croco !

Ce qui arrache le pilote de sa cabine !


L'intrigue générale obéit à la même impression d'irréalité. 7 ans plus tôt, une petite vieille nourrissait un croco géant dans un lac, il y avait eu plein de morts… et tout le monde a oublié depuis. Le shérif raconte tranquillement cette histoire au début du film comme une sorte de légende ancestrale, histoire de raccrocher celui-ci au premier opus, pour mieux ne plus y penser après coup et avoir l'air totalement surpris lorsque des gens disparaissent ou que des corps mutilés sont découverts. De même, lorsqu'il va voir la nouvelle petite vieille étrange sur le lac (la sœur de celle du précédent film) et qu'il réalise qu'elle nourrit toute une colonie de crocodiles tueurs, il se contente d'acquiescer et peu ou prou lui confier sans méfiance la garde de son fils et de sa copine.
Franchement, ça valait le coup de se mettre à deux scénaristes pour intégralement décalquer le film original en y enlevant tout ce qui en faisait le charme, et en le plombant d'incohérences débiles et de lignes de dialogue sans intérêt. Bravo les gars ! D'ailleurs, comme je suis en phase dénonce, pointons les un peu les auteurs de ce truc : Todd Hurvitz et Howie Miller, par ailleurs scénaristes de télé réalité si on en croit l'Imdb.





Aux commandes du projet, on jettera la pierre un peu moins fort sur le réalisateur, David Flores, monteur de formation (comme Bruno Mattei) et déjà responsable du soporifique "Boa vs Python". Il a au moins le sens de la belle image et réussit assez bien à transformer un gros étang bulgare en un lac américain. Pour le reste, direction d'acteur, sens du rythme ou du suspense c'est plus problèmatique mais bon... Il semble au vu de son CV qu'il se dirige vers une grande carrière de Z-man, souvent pour "Sci Fi", avec des trucs du style "Sand of Oblivion", où on convoque Anubis, ou "Howl" et son flic loup-garou…
Côté interprétation, on a une petite poignée d'acteurs américains importés au milieu d'une figuration bulgare. Ceux-ci assurent le minimum sans forcer leur talent. L'inévitable nom vaguement connu sur l'affiche n'est autre que John Schneider, qui a connu son heure de gloire trente ans plus tôt en jouant Luke Duke dans "Shérif fais moi peur", qui a bien vieilli et qui est plutôt correct ici. On retrouvera aussi dans celui de la vieille folle la vétérante Cloris Leachman, miss Chicago en 1946, et qui n'a jamais cessé de tourner depuis les années 50. Elle a notamment joué Frau Blücher dans "Frankenstein Junior" de Mel Brooks et la vilaine sorcière dans le "Hansel et Gretel" de la Cannon, un conte musical pour enfants dont on vous reparlera sûrement bientôt tant il est nanardisé par une VF en or massif.


Bon, c'est pas tout ça mais on est censé enquêter, nous...

Des crocodiles géants vous dites ? Non, rien vu, et puis barrez vous de chez moi d'abord !


Par contre il y a beaucoup à redire des effets spéciaux numériques, qui sont vraiment à la ramasse : le crocodile est vraiment mal fichu et semble animé sous paintbrush. La vache, les gars, le film date tout de même de 2007 et la technologie de l'animation numérique s'est quand même sacrément démocratisée. On a l'impression de voir des CGI faits maison des années 90. Indigence budgétaire oblige, on utilise les images de synthèse non seulement pour le bestiau mais aussi quand on veut par exemple simuler l'arrivée d'un petit hydravion sur le lac. En voici un petit florilège. C'est déjà pas beau en image fixe, je vous laisse imaginer le désastre quand c'est en mouvement.





Différents plans de la bête à l'oeuvre.

Un hydravion plus vrai que nature.

Une explosion de croco !

Et tout à l'avenant.


Sans être le nanar du siècle, "Lake Placid 2" se révèle au final assez représentatif de la nouvelle génération de films d'exploitation qui est en train de débarquer en force sur nos écrans.
L'avenir du nanar est là. C'était mieux avant diront les puristes. Ce en quoi ils n'auront pas forcément tort. Ou alors c'est qu'on est déjà des vieux cons trop blasés… Tournés à la chaîne, sans imagination, gavés d'effets spéciaux mal goupillés, ils n'ont certes pas encore la patine kitsch du bis rital des 80's, mais constituent pourtant la relève qui prouve que le film ringard et opportuniste est loin d'être du passé. 25 ans plus tard, rien n'a bougé : on nous ressert la même tambouille, les mêmes recettes fonctionnant toujours.
Non le nanar n'est pas mort ! Par contre il fait un peu du sur place au point mort en fait…


Eh les gars, si y a un Lake Placid 3, je suis dispo au tarif syndical.



- Rico -
Moyenne : 2.06 / 5
Rico
NOTE
2/ 5
John Nada
NOTE
1.75/ 5
Labroche
NOTE
2.5/ 5
Drexl
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Il semble exister au moins une édition française et une édition belge du film en DVD chez "Sony Entertainment". Côté bonus ou langue, c'est de toute façon service minimum pour du DVD bas de gamme qu'on espère bien retrouver rapidement dans les bacs à soldes de chez Croc'Affaires

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