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Humains


Humains

Titre original : Humains

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Pierre-Olivier Thévenin et Jacques-Olivier Molon

Année : 2009

Nationalité : France / Suisse / Luxembourg

Durée : 1h27

Genre : Alpins perdus

Acteurs principaux :Lorant Deutsch, Dominique Pinon, Sara Forestier, Philippe Nahon

La Team Nanarland
NOTE
3/ 5

On connaissait déjà les direct-to-video, mais il semble qu'une nouvelle catégorie de film commence à apparaître pour notre plus grand bonheur : le "direct-to-Nanarland". Le genre de film qui semble avoir été pensé, usiné, calibré pour notre site et qui dès sa sortie suscite un buzz inversement proportionnel à sa qualité.


Depuis quelque temps, nous avions été alertés par une série de mails et de coups de fil de passionnés de cinéma amis du site : "La vache, j'ai vu en avant première "Humains" avec Lorant Deutch et Dominique Pinon, un survival avec des hommes préhistoriques dans les Alpes, franchement faut que vous matiez ça, parce que là vous allez vous régaler..."

Alors évidement on a été tentés, surtout qu'en plus on est grenoblois, alors du thriller alpin, même suisse, ça nous parle forcément. Nous nous sommes donc rendus à 4 dès le jeudi de sa sortie dans la seule salle de l'agglomération projetant ledit film pour juger sur pièce.


Nous aussi on se pose la même question. Qu'est-ce qu'ils avaient dans le crâne pour tourner dans un film pareil.


Ah ça, nous n'avons pas été déçus. Après un début un peu mou du genou, le film s'emballe pour livrer un survival préhistorique débilos que n'aurait pas renié un Bruno Mattei au mieux de sa forme dans les années 80. Et ne pensez pas que c'est notre esprit tordu qui nous fait rigoler du film : pendant la projection, on a régulièrement entendu le reste des spectateurs éclater de rire dans la salle (bon, on était 8 au total). Lorsque les lumières se sont rallumées, tout le monde était à la fois hilare et consterné. Tandis que nous sortions, quelques réflexions acerbes fusaient déjà :

« Humm je crois qu'il va vieillir très vite celui là…
Attends 2 secondes… ben ça y est…
»

« Mieux réalisé, mieux scénarisé, mieux joué ça aurait pu être bien... En fait si on s'était trompés de salle ça aurait pu être bien »

« Les Alpes jouent très bien… »

Reprenons les faits depuis le début. On n'aura pas trop de honte à vous révéler les enjeux de cette histoire étant donné que la promo les a déjà largement éventés. Un petit groupe de paléontologues (Nahon, Deutsch et Forestier) se rendent dans la vallée reculée du Lotschental, en Suisse, pour enquêter sur de mystérieux crânes préhistoriques dont les déformations curieuses défient toutes les connaissances admises. Se rendant sur le site isolé de la découverte, ils recueillent un couple de vacanciers en panne de voiture (Pinon, Elise Otzenberger et une ado en crise tête à claque, Manon Tournier) avant d'avoir un violent accident qui les laisse perdus et blessés au milieu de nulle part. Ils se rendent soudain compte qu'ils sont désormais traqués par de mystérieux poursuivants… Des Néanderthaliens qui ont étrangement survécus jusqu'à nos jours dans cette vallée perdue…


Imaginez un Indiana Jones de 60 kg...


Après tout pourquoi pas, avec un budget équivalent et un pitch à peine plus développé, des productions comme "The Descent", "La Colline a des yeux" ou "Détour mortel" nous ont offert de bonnes petites séries B angoissantes, capables de nous coller au fauteuil. Mais là non.

En fait le problème central du film c'est qu'il est réalisé au premier degré avec un sérieux pontifiant malgré le ridicule des situations. En effet, derrière le film d'aventure, se cache un conte philosophique qui doit nous faire réfléchir sur notre condition humaine. Et là c'est zéro pointé sur toute la ligne. Que voulez vous, tout part en sucette dans ce film. Les acteurs sont mauvais comme des cochons. Tous. (Sauf peut-être le bourgmestre du village, véritable trogne inquiétante qu'on voit hélas trop peu dans le film). Il faut aussi dire que comme erreur de casting, ça se pose un petit peu là. Qu'est-ce qui leur a pris de prendre Lorant Deutsch pour jouer le mâle alpha de l'équipe, le héros qui porte tout le groupe sur ses épaules ? Avec sa voix d'adolescent attardé et son physique de crevette anorexique, le bonhomme n'est pas crédible une seule seconde. Ne parlons pas de Sara Forestier qui a l'air de n'absolument pas comprendre ce qu'elle fait là. Ajoutez Philippe Nahon en professeur excentrique et Dominique Pinon en beauf dépassé par les événements, qui eux cabotinent sans retenue.


Cet homme est un héros, la preuve, il risque sa vie dans 20 cm d'eau.


Les péripéties s'enchaînent dans la plus totale incohérence, sans le moindre souci de continuité. Lorant Deutsch, qui est censé s'être déboité le genou au début du film, court ensuite comme un cabri dans la montagne. Les protagonistes, bien que se sachant traqués par des hommes des cavernes belliqueux, ne se gênent pas pour faire un feu ou pour s'appeler à grands cris dans la forêt. Et que dire de cette scène ahurissante où Dominique Pinon pète les plombs et prend un enfant néanderthalien en otage. Le tout toujours filmé avec un sérieux papal, nappé d'une musique d'ambiance particulièrement lourdingue. En fait il n'y a que les gâteaux "Bonne Maman" qui donnent envie dans ce film…

Et en parlant de ces gâteaux, c'est Lorant Deutsch qui écope de la punchline la plus ridicule et sans doute la plus difficile à placer pour un acteur : alors que tout le monde est terré dans la grotte, que Deutsch vient de perdre son père et que des hommes de Néanderthal les attendent en embuscade à la lisière de la forêt, Pinon s'enfile un paquet de biscuits. La réplique de Deutsch vient le sanctionner sèchement et dans le même temps jeter un froid (dans le film, parce que dans la salle tout le monde a éclaté de rire). "Les gâteaux ça se partage !". Whaou, quelle autorité !

Il est pas fin aussi ce Lorant Deutsch... Il a des scènes d'engueulade, des scènes de retrouvailles avec une fille dont il est amoureux, des scènes de deuil douloureux, des scènes de free fight avec des hommes des bois, et le seul moment où il joue avec profondeur et persuasion et que le spectateur le sent concerné, c'est lors de la punchline des gâteaux. Soit il a un deal "placement produit" avec "Bonne Maman", soit il avait vraiment la dalle au moment de tourner la scène !

La crédibilité d'un tel projet, déjà hasardeuse à la base, sombre sans doute à son niveau le plus bas lorsque nous assistons, consternés, à une mini attaque de la grotte des cro-magnons par nos deux héros masculins. La testostérone n'étant pas ce qui se dégage le mieux de Lorant Deutsch et Dominique Pinon (respectivement Jean de la Fontaine et Joseph, le pote d'Amélie Poulain dans la mémoire collective), les scénaristes ne se sont pas démontés pour autant et s'offrent même le luxe de nous faire croire qu'à l'époque de la préhistoire, des Néanderthaliens montaient déjà la garde devant leur grotte.


S'il vous plaît, ne nous jugez pas !


Il faut dire aussi que les dialogues sont parfaitement au niveau, comme en témoigne cette scène où le personnage de Sara Forestier essaye de rationaliser ce qui leur arrive. Ce qui donne approximativement :

« - Bon, pas d'affolement, pour l'accident de voiture, on a dû heurter un animal.
- Et pour la disparition du corps du professeur ?
- C'est un autre animal qui l'a emporté…
- Et les types qui viennent de nous attaquer ?
- Des chasseurs, un peu excités, ils ont dû nous prendre pour des sangliers…
- Et Patricia ? [rappel : Patricia a été enlevée, traînée par terre sur 10 mètres avec un piolet préhistorique dans l'épaule, en criant tout ce qu'elle savait]
- Bah, elle se sera égarée dans les bois en nous cherchant. »


Ou encore la réplique de Forestier, quand elle sort de l'eau, après être tombée dans un torrent : "On a essayer de me pêcher !" (tu parles, avec un gourdin à pointes planté dans son épaule !).

Et puis il y a les Néanderthaliens. Ceux-ci étant censé avoir survécu et évolué jusqu'à nos jours, on aurait pu espérer un peu de mystère ou des idées esthétiques un brin originales. Et ben non, on a droit à cinq pauvres recalés de "La Guerre du feu" avec faciès vaguement simiesques, peaux de bête en moumoute et perruques filasses. Savoir que les deux réalisateurs sont quand même à la base des maquilleurs professionnels ne peut qu'ajouter à notre stupeur devant la laideur de leurs hommes des cavernes.




La menace préhistorique.


Décidément, c'est pas encore ce film qui va nous réconcilier avec le cinéma de genre en France… Quoique pour une fois on a une excuse : on va dire que c'est la faute des Suisses et des Luxembourgeois parce que bon, c'est un peu comme la crise économique, on va quand même pas endosser seuls toute la responsabilité de ce ratage. Vouloir moraliser les paradis fiscaux c'est bien, mais vouloir moraliser la production nanarde c'est mieux. Comme notre président, soutenez la création d'une liste noire des pays voyous du cinéma. La Suisse c'est quand même la patrie de Christophe Lambert. Le Luxembourg, c'est le pays qui a co-produit "Fortress 2". Alors avec Nanarland dites non à l'axe du mal luxembourgo-helvète !

En fait, si ça se trouve, tout ça c'était une façon comme une autre de blanchir discrètement de l'argent sale. Parce que l'argent en salle, au vu des premiers échos du box-office ils sont pas prêts de le retrouver…


Un film de Pot et Jom, ça y est, ils se cachent déjà !

- La Team Nanarland -
Moyenne : 2.88 / 5
La Team Nanarland
NOTE
3/ 5
Labroche
NOTE
3.5/ 5
Mayonne
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
Drexl
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Le film a eu l'honneur des salles, mais n'y est pas resté bien longtemps : 108 salles la première semaine, 29 la seconde...

Allez, un effort, pour une fois que Nanarland a la chance de pouvoir relancer la carrière d'un film, ruons-nous tous sur le DVD sorti chez "Fox Pathé Europa", d'autant qu'il y a un making of et un court-métrage. Petite astuce marketing, pour redonner une nouvelle virginité au produit, le nouveau visuel essaye de se positionner sur les traces de "The Descent" tout en camouflant son casting trois étoiles.


Cela étant, on se moque mais visiblement ce désastre tant artistique que financier met en péril l'équilibre de ses producteurs : "La Fabrique de films", une petite société qui essaye de faire du "film du genre" à la française. Souhaitons qu'ils parviennent à se refaire avec leur nouveau projet qui doit sortir début 2010, "La meute", où Yolande Moreau dirige une meute de goules cachée dans un terril surplombant une mine abandonnée ! Oui, je sais, dis comme ça, ça fait aussi très peur, mais si ce film se plante c'est direct la faillite ! On espère aussi que Molon et Thévenin qui, au vu des interviews qu'ils ont données, ont l'air de gars sympa et sincères, vont pouvoir rebondir...