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Hellriders

(1ère publication de cette chronique : 2003)
Hellriders

Titre original : Hellriders

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :James Bryan

Année : 1984

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Bikers attardés

Acteurs principaux :Adam West, Tina Louise, Ross Alexander, Renee Harmon, Frank Millen

LeRôdeur
NOTE
4/ 5


Attention, chef-d'oeuvre ! Nanar objectif. Une perle rare. "Hellriders" est un exemple de ce que la vague des films de bandes de motards a fait de pire, donc de meilleur puisqu'on est sur Nanarland.

Genre à part entière, le film de bikers ou bikesploitation compte plus de 150 variantes, souvent américaines ("Les Machines du Diable"), repiquées sur les illustres modèles que sont "L'Equipée Sauvage" (avec Marlon Brando) et bien sûr "Easy Rider" (de et avec Dennis Hopper) et a même laissé des traces chez nous, notamment dans le néopolar français des années 70/80, comme d'ailleurs partout dans le monde jusque dans la SF (souvenons-nous de "Time Rider" ou encore de la série de TV diffusée par La 5 : "Tonnerre Mécanique").

Une belle Flying Jaquette. L'illustration n'a en effet strictement rien à voir avec le film dans lequel aucun barbu en RayBan et bracelet à clous ne pointe le bout de son canon scié.


"Hellriders" est l'un des derniers films hollywoodiens qui obéisse vraiment aux canons du genre, c'est-à-dire la bande de greasers sans foi ni loi qui se ballade sur les routes ensoleillées et poussiéreuses du sud des USA, le cheveu dans le vent et le tatouage ostentatoire. Après lui, plus grand chose n'a été fait dans le genre et on comprend pourquoi à la vision du film ; c'est tellement déplorable que ça a dû refroidir les ardeurs des producteurs et puis surtout, le post-apocalyptique infra-Mad Max est passé par-là et a redéfini la donne du nanar mécanique : exit les graisseux et bonjour les cyberpunks à roulettes, et ce pour notre plus grande joie, il faut bien l'avouer.


Un type de scène qui meuble une bonne partie du film : la baston entre motards (du même gang !)


Il n'est pas inutile de s'attarder un instant sur le parcours du réalisateur, un certain James Bryan, car ça explique en partie le contenu du film. James Bryan a fait 6 films en 30 ans. Il commence en 1968 par une ode baba-cool qui fait l'apologie des drogues douces. Quand on sait ça on a tout compris. Un film sans doute admirable dans lequel les hippies prennent le contrôle de la Californie par les urnes et imposent l'usage de la marijuana. Suivent deux films obscurs qui freinent un temps sa carrière mais il revient de plus belle au début des années 80 avec "Le Tueur de la Forêt" (tout est dans le titre !), puis il pète carrément les fusibles en 1984 avec deux films réalisés d'un coup sec : ce présent "Hellriders" et "Executioner 2", un sous-Halloween qui est la suite de rien du tout puisque aucun slasher movie ne s'appelle "Executioner" ! Il a juste mis "2" à la fin du titre parce que ça fait cool. James Bryan, je t'aime déjà !


La VHS américaine, qui survend un peu le produit.


Pour les acteurs c'est pas compliqué, il y en a deux : l'héroïne, que nous appellerons "l'héroïne" pour la simplicité du récit (en fait elle s'appelle Claire mais tout le monde s'en fout), interprétée par Tina Louise, une ex-playmate de Playboy redressée à coups d'Actor's Studio qui eut son heure de gloire à la télé dans les séries "Gilligan's Island" et "Dallas", et le héros, que nous appellerons "le docteur" parce qu'il est docteur dans le film mais dans la vraie vie tout le monde l'appelle Batman (alias Adam West, le légendaire Batman de la télé, le rôle a déteint sur le personnage visiblement, il souffre très nettement du syndrome Johnny Weissmuller devenu frappadingue après Tarzan et qui passait ses soirées suspendu au lampadaire de son hôpital psychiatrique). Il y a d'autres acteurs bien sûr, mais ils n'ont pas fait carrière et c'est dommage vu leur nanardise à toute épreuve. Sans doute ont-ils été recrutés sur place ou alors ils utilisent des pseudos et dans ce cas je m'engage à les dénoncer publiquement si jamais je les revois. Facho, moi ? Naaan ! Assume ton nanar comme toi-même, c'est ma devise.

Mais foin de bavardages : le film.

Tout commence sur une route ensoleillée et poussiéreuse du sud des États-Unis sur fond de musique Bontempi. L'héroïne parle à sa voiture en la priant de ne pas tomber en panne tout de suite (?) quand soudain apparaît sur la route un travesti poursuivi par une bande de motards sans motos. L'héroïne se plante dans une touffe pour l'éviter et vole au secours de la pauvre victime. Mal lui en prend, le travesti est en fait un biker déguisé en femme qui sort son cran d'arrêt et menace notre héroïne. Elle est sitôt rejointe par la bande de motards à pieds qui décident de violer l'héroïne comme c'est l'usage dans les nanars. C'était un piège, on ne l'a pas vu venir. Là voilà introduite auprès des Hellriders et nous avec : une joyeuse bande d'affreux pas beaux et, qui plus est, notoirement incompétents comme acteurs, ce qui ne gâche rien. On passe de la musique Bontempi au Hard Rock de base en fond sonore et on détaille les crétins en revue :


Salut ! Regarde, nous on est des motards, ça te dirait d'être notre copain ?


Moto... ?


Ah merde, j'crois qu'on est tombé sur un simplet


MOTO-CUIR... MOTO-SATAN !


BAGARREVIOLBIEREMAUVAISHARDROCK !!


- La bande des Hellriders a un chef : c'est Snake (que les doubleurs français appellent "snack" pendant un moment sans qu'on sache vraiment si c'est volontaire ou non). Snake a les dents pourries, Snake est très con et Snake a un rire rigolo du genre Marge Simpson.

- La bande des Hellriders a un curé. Celui-là, il faut le voir pour le croire tellement il est nanar. Un pauvre gringalet barbu et grimaçant qui a un moignon à la place de la main droite. En fait de moignon, il a juste la main enserrée dans une bande Velpeau barbouillée de ketchup. L'origine de son handicap nous est d'ailleurs révélée au cours du film : il a commis un vol et Snake lui a coupé la main ! Vu que les Hellriders passent leur temps à violer, voler, piller et tuer, c'est un argument super-crédible. D'autre part j'aimerais qu'on m'explique comment un motard peut conduire sa bécane sans la main droite. Mystère insondable du nanar...

- La bande des Hellriders a des femmes qui sont en quantité variable au cours du film. On en compte 5 au début et plus qu'une seule à la fin, une rousse sadique qui se délecte de la violence en poussant des injonctions à ses collègues du genre "ouais ! vas-y ! pète-lui les couilles !". Les autres filles, comme d'ailleurs la plupart des acteurs, y compris les seconds rôles importants, disparaissent mystérieusement en cours de route. Sans doute les comédiens étaient-ils employés chacun pour une journée de tournage, ce qui explique le casting fluctuant. Parmi les femmes, il y en a une complètement nue et parfaitement muette que les Hellriders trimballent en side-car. Le réalisateur s'est dit que ce serait bien de mettre un femme à poil quelque part, donc voilà, il y en a une. Elle apparait dans 3 scènes avant de disparaitre comme les autres sans qu'on sache pourquoi, et quand elle est là on ne sait pas pourquoi non plus. Quand elle n'est pas dans son habitacle, elle reste à l'écart des Hellriders, attachée en laisse dans un coin. Ami(e)s de la poésie, bonjour !




La place de la femme dans la hiérarchie motarde... Rien de bien valorisant.


- La bande des Hellriders c'est aussi des seconds couteaux pas piqués des hannetons qui passent leur temps à embêter le bon peuple et accessoirement à s'envoyer des coups de lattes dans l'entrejambe voire à se lancer des défis débiles du genre s'arracher les croûtes de leurs cicatrices ou bien se brûler volontairement l'avant-bras sur un pot d'échappement.

Mais revenons à notre héroïne que nous avons lâchement abandonnée en plein v(i)ol. Comme on n'a pas pensé à rajouter une clause "nichons à l'air" en tout petit dans son contrat, elle refuse de nous montrer autre chose que ses genoux. C'est embêtant. Pour éviter un procès qui doublerait le prix du film, on utilise donc un subterfuge avec l'intervention d'une autre bande de motards (très réduite, la bande : ils sont deux !), les "bons", menés par un barbu au bandana rouge et une espèce d'adolescent prépubère que les Hellriders vont tuer en le trainant derrière une moto (grand classique du western, qu'il soit mécanique ou chevalin). Notre héroïne en sera quitte pour une grosse frayeur et un jet d'urine de biker sur son pare-brise.

A partir de là, on voit ce que va être le film : l'affrontement entre les "bons" bikers qui veulent venger la mort du gosse et les méchants Hellriders qui vont se prendre une pâtée... Eh bien non ! C'est ça qu'est bien, on est dans un nanar en roue libre, totalement imprévisible, et le chef des "bons" décide contre toute attente de disparaître comme il est venu (il a fini sa journée de tournage) non sans avoir lancé sa réplique nanarde à l'adresse de Snake, mâtinée d'une belle référence cinéphile à l'acteur fétiche d'Ed Wood :

"Pour qui tu te prends ? Hitler, Rommel ou Bela Lugosi ? Si je te revois, je prendrai tes couilles pour m'en faire des boucles d'oreilles !"

No comment.

Tout est déjà parti en sucette dès le premier quart d'heure, mais ce n'est pas fini, loin de là. Le réalisateur James Bryan est le roi de la transition et il le prouve en passant d'une scène de meurtre sur fond de Hard Rock à une scène de jogging sur fond de Country Music. Le jogger c'est notre héros, le docteur. Le docteur, d'une manière générale, ne se déplace qu'en courant. Il est tout le temps en survêt' gris-bleu avec une casquette ornée d'un étalon vissée sur le crâne, y compris pendant les consultations. Le docteur habite un curieux village qui doit compter une douzaine d'habitants et quatre bâtisses :

- La maison du docteur.
- La prison et la maison du Shérif, lequel est un sosie du sergent Garcia. Intermittent du spectacle comme les autres, il disparaît dans les scènes clés et réapparaît au moment où on s'y attend le moins. Il est flanqué d'une épouse pète-sec, d'une fille plutôt jolie et d'un gosse énervant.
- Le saloon avec trois serveuses bien roulées (on sent d'ici qu'elles vont "servir").
- Le garage avec son garagiste moche qui doit épouser la fille du Shérif.

 
Pause champêtre : Snake au naturel


Tout ce petit monde est filmé sur de la Country Music pour bien que l'on comprenne que c'est des gens sans histoire, par opposition aux méchants Hard Rock et aux personnages neutres plus "clavier Bontempi dans l'âme". D'ailleurs, le jeu des musiques "signifiantes" va vite se dérégler comme le reste. Quand les méchants Hard Rock vont entrer dans le village Country dans lequel s'est installé l'héroïne Bontempi, le musicien de service ne va plus savoir sur quel pied danser et va nous livrer n'importe quoi : de la baston sur de la Country, du Shérif Bontempi ou encore du garagiste Hard Rock. En attendant, c'est calme et comme le dit le docteur : "Vivre dans ce village c'est comme attendre qu'un patient meure !" (je ne lui ai pas fait dire !). Alors, pour passer le temps, on fait des gags à la Benny Hill du style on fait croire au garagiste que sa fiancée est derrière le rideau de la douche et alors il va la peloter sauf que, évidemment, c'est pas elle mais une serveuse du saloon, alors la fiancée arrive au même moment et là, qu'est-ce qu'on rigole, les amis ! (Non ? ah bon...).


KOUTO !


KOUPER !


MWAHAHAHAHA


Re-transition brutale dès la scène suivante avec nos Hellriders born to be wild qui chevauchent leurs engins. Ils croisent la route d'un couple de touristes venus visiter le village (mais qu'est ce qu'il peut y avoir à visiter dans ce trou ? le saloon ? le garage ?). A la vision des méchants, la touriste s'affole et dit à son mari : "Oh ! mon dieu, il vont nous violer !" (?) et de fait, ils vont se faire violer. Enfin, juste la femme et juste violée du haut, le viol chez les Hellriders consistant à faire péter la blouse pour faire jaillir une paire de seins comprimés dans un soutif deux tailles trop petit. Puis les touristes vont se faire tuer, l'une avec un canif et l'autre à coup de capot de voiture, le nez dans le moteur, dans une scène forcément grandiose de par son principe même. Mais curieusement, entre le moment où les touristes croisent les Hellriders et le moment où ils vont mourir, il y a une scène intercalée qui se déroule dans le saloon du village et dans laquelle ces mêmes touristes apparaissent. Va comprendre Charles... Le réalisateur s'est sans doute aperçu au montage que les touristes mouraient dès leur première scène alors qu'il réapparaissaient plus tard dans le saloon, d'où le remix des deux scènes censé sauver un peu les meubles. Notons que plus tard dans le film, il ne s'embarrassera même plus de tels scrupules et ressuscitera les morts au gré de sa folie furieuse.


CRUAUTE !


IGNOMINIE !


Retour au village en attendant la mort, donc, d'abord pour une scène entre le Shérif et l'héroïne fraîchement débarquée : elle prévient le Shérif de l'arrivée imminente des bikers, mais lui refuse de l'entendre sous prétexte qu'elle est "une croupière de black jack de Las Vegas et surement une pute à 200 $" (???). Il la prie de dégager du village et c'est exactement ce qu'elle ne va pas du tout faire puisqu'on va la retrouver le lendemain dans la maison du Shérif en train de prendre le petit dej', copains comme cochons. C'est là qu'on se dit "ça y est, le scénariste/réalisateur à lâché la rampe !" ; à partir de là, il improvise, c'est du portnawak à la louche, du foirage XXL, du délire.

Après, c'est l'arrivée des Hellriders dans le village. Ils décident de terroriser tout le monde en se foutant la peignée entre eux puis en pratiquant le viol à la mode nanarde dans le saloon. Les corsages des serveuses pètent dans tous les sens, c'est un vrai massacre. Le touriste pas-encore-mort-mais-presque immortalise la scène au polaroïd. Etait-ce la peine de le ressusciter pour faire ça ? On se le demande. Bof, allez, ça valait le coup quand même vu qu'on a droit au pétage de soutif de la touriste en prime. Soyons pas chien. Le Shérif brille par sa non-présence dans cette scène cruciale et c'est donc notre héros docteur en survêt'-casquette qui va jouer les justiciers, toujours au pas de course, la foulée légère, la démarche svelte, un peu à la Batman mais sans le costume. Il prend le chef Snake à part dans un coin et lui file des coups de tatane dans le ventre en lui demandant si "ça fait mal" et Snake répond "oui" (je vous avais prévenus, Snake est très con !). Du coup les Hellriders capitulent, de toutes façons plus personne n'a de soutif, ça ne vaut plus la peine de rester donc ils s'en vont dans un nuage de poussière. Et la fille du Shérif de conclure brillamment la scène par cette réplique : "Si le docteur n'avait pas été là, on se serait tous retrouvés le cul à l'air !". Tu m'étonnes...


HINHIN, MOTO-VIOLENCE !


Mais... mais... ce mec est un MANIAQUE


Viens voir par là, le maniaque


GNEEEGNEEEEE, MOTO-DOULEUR


MOTO-OUILLE !


"Espèce de MANIAQUE !" [authentique réplique du film !]


C'est MOI le héros du film, compris ?!


Scène suivante : le meurtre tant attendu des touristes déjà décrit plus haut enchaîné brillamment (comme d'habitude) avec la séquence-émotion-sur-fond-de-piano. C'est un dialogue entre la fille du Shérif qui hésite à se marier avec le garagiste (à cause du gag à la Benny Hill) et notre héroïne qui, très psychologue à deux balles, lui sort ce conseil hallucinant (respirez un bon coup !) :

"Lorsque les gens veulent que tu fasses une chose et que tu veux en faire une autre ou être autre chose alors fais attention car les gens font rarement les bons choix mais toi seulement peut le dire !"

Ce à quoi la fille du Shérif répond :

"Peut-être que ça me semblera plus clair demain matin !"

Les ravages de la drogue chez les dialoguistes, c'est moche quand même...

La suite, j'abrège pour laisser quelques surprises aux nanardeurs mais ça ne faiblit pas, loin s'en faut. C'est toujours du nanar sans filtre. On se tape un délire à base de Docteur trottinant en jogging et de Shérif parachuté au milieu de nulle part. Le Shérif obèse vient en remettre une couche auprès du pauvre Snake qui, décidément bien peu résistant, se refait tataner le bas-ventre alors qu'il ne demandait rien à personne.


MOTOMOTOMOTOMOTO !!!


Piqués au vif, les Hellriders décident de réinvestir le village. Ils débarquent en masse et enferment tout le monde dans la prison du Shérif, non sans avoir pété deux ou trois corsages pour le fun. On a droit à un court duel Hellrider / serveuse à coups de balais et c'est d'ailleurs grâce à un de ces balais que les habitants du village vont parvenir à s'évader de la prison : en attrapant les clés de leur geôle accrochées au mur avec le bout du manche à balai.


VRRRRROUM !


Après c'est le bouquet final. Tout en même temps dans le désordre et l'incohérence : l'héroïne se barre en voiture poursuivie par les Hellriders mais ils n'arriveront pas à la violer de la poitrine. Après un accident avec un van dans lequel deux adolescents font l'amour, elle réussit à s'enfuir dans les rochers pour le malheur de Snake qui va y laisser la vie. Il glisse sur un rocher, se raccroche comme il peut au surplomb, mais c'est sans compter ses crétins de collègues Hellriders qui vont le précipiter dans le vide en lui lançant un petit caillou.


Le bon peuple américain sait comment traiter la racaille.


Pendant ce temps, les Hellriders, qui sont à la fois dans la montagne et dans le village car ils sont très forts (et puis surtout le réalisateur n'en a plus rien à foutre de rien !), se font décimer à coup de flingues (apparus comme par magie comme vous vous en doutez) et ils ripostent de la même manière. La femme du Shérif se prend un coup de couteau dans le ventre, elle meure puis ressuscite une minute après et court le 100 mètres avec la carabine à la main. Tous les Hellriders se font tuer d'une manière plus ou moins grotesque. Par exemple d'une balle dans le poumon tiré à partir d'un flingue dirigé en l'air ou bien à l'intérieur d'une voiture en prenant bien soin d'ouvrir la portière, de descendre face à la caméra puis de s'écrouler dans un râle. Notre héros docteur ne va pas en réchapper et va mourir, flingué par un biker d'une balle en pleine tête à bout portant.


Le héros montre l'exemple.


A la fin tous les villageois sauf ceux qui sont morts et ceux qui n'étaient plus sous contrat pour la scène (c'est-à-dire qu'ils ne sont plus que 5) se retrouvent autour d'un arbre pour fêter le départ de la fille du Shérif à l'université. On apprend alors que le garagiste, son ex-fiancé, s'est re-fiancé avec une serveuse et d'ailleurs on s'en fout complètement. Quand soudain, surprise ! Le retour de l'ami-casquette ! Le docteur qui s'était pris une balle dans la tête revient, toujours en trottinant, toujours en jogging, toujours en casquette, toujours avec cet air con de Batman en survêt'. La seule différence est qu'il a un minuscule pansement Urgo sur le front à l'endroit où la balle lui a traversé le crâne. Il revient pour ne rien dire, en plus. Il demande juste où est passée l'héroïne, il s'entend répondre qu'elle est partie car elle n'aime pas les adieux, et là-dessus il repart en trottinant. Ensuite tout le monde dit au revoir à la fille du Shérif qui s'en va prendre son avion avec un dernier détail grotesque en guise de signature, comme si ça ne suffisait pas : les doubleurs français s'emmelent les pinceaux dans la bande rythmo et le garagiste se retrouve à dire "au revoir petite soeur !" à son ex-fiancée avec la voix du gamin. C'était la dernière réplique. Au moins on peut dire que ce nanar tient ses promesses jusqu'au bout. Plan de l'héroïne qui taille la route sur un air de Bontempi et générique final.


Allez les ploucs, tous un flingue et sus aux déviants !


Je ne vous lâcherai pas sans avoir dit un mot de la réalisation et de la technique en général. C'est largement à la hauteur du reste, c'est-à-dire piteux jusqu'au risible. Il n'est pas une scène qui ne possède son erreur de continuité, son plan foireux, son détail qui fait mouche. C'est terrible. On peut d'ailleurs s'amuser à recenser ces erreurs entre amis et y rejouer plusieurs fois tant elles sont nombreuses.

- Un exemple : les ombres portées. Les scènes de motos sont constituées de plans mis bout à bout au hasard tournés soit en plein midi soit en pleine soirée et d'une seconde à l'autre, les ombres s'allongent de 10 mètres. Et quand il n'y a pas d'ombres c'est pire : c'est que le caméraman fait un plan avec le soleil en pleine face. Depuis l'éclipse du 11 août 1999, on sait qu'il est dangereux de regarder le soleil directement, et pourtant ici, on le fait allègrement, ce qui a pour effet de sous-exposer tous les acteurs. Nanardeurs, ressortez vos vieilles lunettes d'éclipse du grenier avant de visionner "Hellriders" ! Les couleurs c'est évidemment n'importe quoi dans ces conditions, le ciel passe du bleu au blanc puis du blanc au sépia.

- Les erreurs de cadre et les trucs parasites sont légions : micro du percheman et pare-soleil apparent en haut de l'image, pare-chocs de la voiture qui sert à suivre les motards pour les filmer en bas de l'image, etc. Le plus beau dans le genre est l'apparition Hitchcockienne mais néanmoins involontaire de ce qu'on suppose être le metteur en scène lui-même. En pleine scène de panique, bord-cadre, on voit distinctement un vieux monsieur bedonnant qui surveille le bon déroulement de la scène en suçant les branches de ses lunettes. Effet garanti.

- J'ai un peu parlé du doublage dans la chronique. Il est énorme, tout comme le bruitage, les scènes doublées ayant été re-bruitées à la sauce "je shoote dans une boîte de conserve pour faire le bruit des coups de poings" tandis que les scènes sans dialogues ont été laissées telles quel avec la bande-son d'origine.

- Finissons sur les accidents de jeu des acteurs, tous conservés et pour cause : comme les erreurs de cadre qui n'ont pas été coupées au montage nous le font supposer, il n'a jamais été fait deux prises de la même scène. D'où, parfois, des actrices qui se marrent en plein viol ou qui ont peur de la détonation de leur pistolet chargé à blanc et des bikers qui ont quelque peu du mal à réprimer leurs fous rires. Et nous, donc.

NdlR : D'après l'IMDB, Tina Louise et Adam West n'auraient travaillé sur ce film que le temps d'une seule journée de tournage, pour un cachet de 10 000 $ chacun. Comme ils jouaient néanmoins les rôles principaux, leurs scènes ont été tournées à la chaîne presque entièrement en gros plans, puis intercalées au montage avec des scènes tournées avec des doublures, pour les séquences de dialogues avec le reste des acteurs notamment. Une anecdote qui en dit long sur les conditions de réalisation de ce film !

- LeRôdeur -
Moyenne : 3.20 / 5
LeRôdeur
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
John Nada
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation


Ce film est, O Miracle, ressorti en blu-ray chez les purs de Vinegar Syndrome dans une superbe copie 4K restaurée à partir du négatif original, en VO avec sous-titres anglais et comme principal bonus une interview avec le réalisateur et co-scénariste James Bryan.

Une capture d'écran de notre antique VHS.

Le même photogramme sur le blu-ray de chez Vinegar Syndrome (à noter qu'ils ont semble t-il croppé un format 16/9 dans le 4/3 qui devait être le format d'origine).

Film obscur et oublié, Hellriders en version française et sa confrérie motocycliste peut encore se trouver dans vos trocantes dans l’une de ses vieilles versions VHS de chez "Proserpine" ou "V.I.P." A noter qu’en cherchant un DVD du film on est aussi tombé sur ça :


Bon d’accord c’est un porno, mais si ça se trouve c’est un nanar aussi…