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Le Faucon

(1ère publication de cette chronique : 2013)
Le Faucon

Titre original : Le Faucon

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Paul Boujenah

Année : 1983

Nationalité : France

Durée : 1h20

Genre : Faucon, vraie connerie

Acteurs principaux :Vincent Lindon, Francis Huster, Guy Pannequin, Audrey Dana, Joseph Boujenah, Agnès Jaoui, Isabelle Nanty, Maruschka Detmers, Hubert Attal, Alain Attal…

Yatta-Man
NOTE
3.5/ 5

"Le Faucon, c'est Speed dans lequel le bus aurait été remplacé par Francis Huster" (Labroche, présentant le film lors de la Nuit Nanarland 6).


Bon, le générique commence, ça me laisse le temps d'introduire cette chronique. Soyons clairs, le cinéma français des années 80, c'est pas ce que LA FRANCE a produit de mieux. Et quand bien même l'effort fut de mise, le poids des années se fait douloureusement sentir. Esthétique grisâtre et sale, choix vestimentaires tape-à-l'oeil, saxophone pleurnichard à tous les coins de bande originale, le cinéma français des années 80 est certainement celui qui a pris le plus gros et douloureux coup de vieux...


Alain Attal, plus connu pour avoir produit "Ne le dis à personne", "Les petits mouchoirs" ou encore "Polisse"…


... Bon, c'est encore le générique, j'ai encore le temps de vous caser deux ou trois trucs. Si même un film majoritairement considéré comme « bon » comme Tchao Pantin a subi le poids des années, que dire alors d'une infâme croûte comme celle que nous allons étudier aujourd'hui, à savoir « LE FAUCON » (il n'a jamais tué...). Et pas n'importe quelle croûte puisqu'il appartient à cette fabuleuse catégorie des polars français des années 80, à l'instar de "La Nuit du Risque", "L'Arbalète" ou "Parole de Flic". Non seulement il comportera toutes les tares citées plus haut qui nous paraissent aujourd'hui insupportables, mais en supplément, le spectateur abasourdi se rendra compte que ce film a été conçu en dépit de tout bon sens.


Jacques Dorfmann, qui a notamment écrit, produit et réalisé "Vercingétorix, la légende du druide roi" avec Christophe Lambert.


... Le générique défile toujours... Bon... Je m'en vais vous raconter le pitch. « LE FAUCON » (il n'a jamais tué...) c'est ce pauvre Franck Zodiak, flic à la dérive incarné par Francis Huster (commencez pas à rire, sinon on n'a pas fini) dont la vie n'est pas joyeuse-joyeuse depuis que sa femme a été tuée dans un accident de voiture mal filmé, et qui a plongé sa fille dans un profond coma. Depuis, le pauvre erre sans but, à se goinfrer de coca et de burgers, et à subir les railleries de ses salopards de collègues (qui l'appellent « Moineau » XPTDR LOL). Jusqu'à ce jour où le destin va le mettre sur le chemin de Gus, délinquant sans vergogne, responsable de la mort de sa femme (Note : c'est en tous cas ce qu'indique le résumé, car dans le film, personne ne sait qui est responsable de l'accident, ni s'il a été provoqué par un délinquant...).


HA NON MAIS HÉ PUTAIN C'EST TOUJOURS LE GÉNÉRIQUE ??!? Bon allez, avance rapide là, sinon on n'a pas fini. Déjà tiens, on peut pointer un premier problème : le film commence donc par un générique INTERMINABLE qui enchaîne les crédits sur fond de jazz/funk de supermarché avec une lenteur exaspérante. Ca paraît anodin dit comme ça, mais vous verrez, à chaque fois que vous croirez le générique fini, d'autres noms vont continuer à défiler inlassablement, laissant un rire nerveux vous gagner, déjà.


La déprime à l'américaine (vue à la française).


Une fois ces 47mn25 de générique achevées, le film s'ouvre sur l'accident de la femme de Zodiak. Cette première scène va cristalliser à elle seule la majeure partie des problèmes du film : des enjeux peu clairs (ici, la femme de Zodiak fuit - apparemment - son mari mais sans qu'on sache pourquoi), un montage incompréhensible à raison de 36 plans la seconde, une scène beaucoup trop longue, et des plans dont on n'explique pas la présence (la scène est entrecoupée de plans montrant le fameux faucon (il n'a jamais tué...) qui donne son titre au film).


De ces deux acteurs, lequel est le plus expressif ? Attention, il y a un piège...


Quand je dis que l'intégralité du film est à l'image de cette scène, je n'exagère pas. Le spectateur ne cessera de pester contre des choix narratifs systématiquement contraires à toute logique. Toutes les décisions prises par les personnages ne seront jamais expliquées, tout se déroule par des coups de chance qui surgissent de nulle part. Ainsi, Zodiak sait EXACTEMENT dans quels lieux il peut obtenir des infos sur sa cible, voire le retrouver, même s'il l'a perdu de vue ou sans même prendre le temps d'enquêter. Il arrivera aussi que les collègues de Zodiak rejoignent ce dernier au détour d'une scène en débarquant comme ça, sans prévenir, et surtout sans avoir été prévenus ! Certes, le spectateur indulgent supposera que tout cela s'est passé « hors champs »... Le problème c'est que ça arrive TOUT LE TEMPS. Et laisse davantage l'impression que tout se joue par des coups de bol que par une véritable mise en place de l'intrigue.




L'inspecteur bouboule mène l'enquête.


Bon et encore, si ce n'était que ça le problème, ça n'en ferait pas forcément un nanar pour autant. Non, le problème, c'est que, en plus d'une mise en place des événements totalement bancale, le film se voit parasité une accumulation d'événements totalement stupides. Certaines scènes ressemblent même à de timides incursions dans le domaine de l'humour, mais ces tentatives sont tellement ratées qu'on se demande quelles étaient les intentions du réalisateur Paul Boujenah (frère de Michel, et à qui l'on doit également les douloureux "Fais gaffe à la gaffe !" et "Yiddish Connection"). Citons quelques exemples : Zodiak qui va s'acheter un flingue chez un commerçant complètement cinglé qui va le faire chier pendant des plombes avec son assurance. Zodiak lui règlera son problème en tirant dans sa vitrine, violant au passage environ 27 règles de sécurité essentielles du code de la police. Non ne cherchez pas, ça ne fait avancer l'intrigue d'aucune manière. Autre exemple : en pleine course-poursuite, Zodiak se voit accosté par une personne âgée (qui n'a visiblement pas autre chose à faire) qui lui somme de se dépêcher. Ce à quoi Zodiak répond « Hé ça va, chuis pas Belmondo ! »
Voici sans doute l'une des scènes les plus stupides du film. Admirez :


Damned, Zodiak est fait comme un rat ! Gus débarque en crabe devant lui et le vise de son gros flingue...



Comme vous pouvez le voir par l'expressivité de son visage, la peur se lit dans les yeux de Zodiak...



But suddenly, a wild wheel appears !



Qui est donc ce gredin qui a réussi à mettre en déroute un malfrat adulte équipé d'un flingue chargé ?



Réponse : un enfant avec son vélo qui passait par là ! (Et qui, notez-le, réussit à faire des bonds de 1 mètre avec son vélo).



« Les vélos d'enfants ! Mon point faible secret ! » Gus est battu et fuit pour sa survie !



Zodiak, l'ami des enfants, le remercie d'un chaleureux baiser (sur la tête hein...).



Le garçon répond par un clin d’œil... enfin d'yeux (c'pas facile). Il n'a fait que son devoir de citoyen.


Outre ce genre de situations stupides, Le Faucon est lourdement handicapé par des répliques débiloïdes. Aucun dialogue ne fait avancer le film. Il s'agit d'un enchaînement de punchlines et d'anecdotes qui se veulent tantôt badass, tantôt déchirantes, mais qui sont tellement mal écrites, balancées aléatoirement, et soutenues par des personnages à la psychologie de comptoir, qu'elles s'avèrent au final complètement foireuses et grotesques. Citons ce moment inoubliable où Zodiak interpelle Gus par la radio qu'il écoute en beuglant « ALLO TITI C'EST GROSMINET !!! », même si la pire réplique est sans doute celle où, chauffé par ses enfoirés de collègues, Zodiak pète un câble et menace de son flingue un inspecteur (Vincent Lindon dans son premier rôle). La seule chose que Huster trouve à lui dire est qu'il a envie d'un Cheeseburger ! Et d'enchaîner avec la description de ce dernier. Fin de la scène, le film enchaîne sur autre chose. Le spectateur se repasse la scène pour vérifier s'il a bien entendu ce qu'il vient d'entendre.


Réplique authentique (Prononcez « Hambourgueur »).







Le chizebourgueur semble être une sorte de totem dans ce film puisque les personnages en bouffent constamment...



Avec 28 burgers (oui oui), c'est le romantisme à son meilleur.


Comme si ça ne suffisait pas, le clou ultime du cercueil de la crédibilité est définitivement enfoncé par un casting TOTALEMENT exécrable, des plus petits rôles jusqu'aux rôles principaux. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, que ce soit dans le registre comique ou dramatique. Certes, les comédiens (dont Agnès Jaoui dans un rôle secondaire) ne sont pas aidés par la nullité de leurs répliques et le ridicule des situations, mais loin de transcender cette médiocrité, ils parviennent à l'accentuer encore par leur interprétation au 36ème dessous. La palme revient à Francis Huster (qui a dit « comme prévu » ? C'est moche ce que vous faites), qui est sans doute le pire flic dépressif de la Terre, inexpressif au possible, mâchant un mot sur deux, et dont les crises de nervous breakdown sont aussi crédibles que les bienfaits caloriques d'un Big Mac. Il était déjà bien à l'Ouest dans "Parking", il est ici spectaculairement à côté de la plaque, incarnant son rôle de Dirty Harry français avec son jeu hyper théâtral si caractéristique.


Même Courir il ne sait pas le faire correctement !


« LE FAUCON » (il n'a jamais tué...) est une oeuvre complètement pétée de A jusqu'à Z. Il est assez aberrant de se dire qu'il existe tel quel. Aucun choix ne se tient, aucune décision prise n'est la bonne, le film ne fait rien pour garder une image qui serait potable, une situation crédible, ne serait-ce qu'un minimum. Le film est assez court dans sa durée, et plutôt lent dans son rythme, mais il est tellement REMPLI de trucs aberrants qu'il est difficile de s'ennuyer devant. Le montage, les répliques, les acteurs, avec « LE FAUCON » (il n'a jamais tué...), vous aurez assez de nanardise pour vous faire péter la panse. Comme après un menu maxi Best Of.


Le film se finit dans l'ancienne Cinémathèque française. Il se pourrait qu'il finisse aussi à la nouvelle, de manière excentrique...



"La vache, j'ai rêvé que je jouais dans un film horrible où je parlais tout le temps de chizebourgueurs…"


Merci à Kevo42 pour les gifs animés et à Right Hand Of Doom pour l'image Cheese Burger.

- Yatta-Man -
Moyenne : 3.27 / 5
Yatta-Man
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
Labroche
NOTE
4/ 5
LeRôdeur
NOTE
0/ 5
Barracuda
NOTE
4/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5
Drexl
NOTE
4/ 5
Jack Tillman
NOTE
4/ 5
John Nada
NOTE
2.75/ 5
Zord
NOTE
3/ 5
Mayonne
NOTE
4/ 5
Hermanniwy
NOTE
3/ 5
Peter Wonkley
NOTE
5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation


Sorti dans les années 80, Le Faucon (il n'a jamais tué...) a connu bien évidemment une carrière en VHS chez "UGC Vidéo". En 2017 est enfin sorti un DVD/ Blu-ray chez "LCJ". Bon, la qualité du master est tout à fait perfectible, et il n'y a comme bonus qu'une interview de Francis Huster où il revient brièvement sur ce film. Est-ce que cela vaut pour autant d'investir une quinzaine d'euros dans ce Blu-ray ? Peut-être pourrait-on envisager une opération avec McDonald pour tout Happy Meal acheté...

Une VHS allemande.


La BO du film.