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La Dimension de la Mort

(1ère publication de cette chronique : 2005)
La Dimension de la Mort

Titre original :Death Dimension

Titre(s) alternatif(s) :Freeze bomb, Icy death, The Kill factor, Black eliminator, Ninja : la Dimension de la Mort, The Freeze Bomb

Réalisateur(s) :Al Adamson

Producteur(s) :Dick Randall

Année : 1978

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : JimKellysploitation

Acteurs principaux :Jim Kelly, Harold Sakata, George Lazenby, Myron Bruce Lee, Aldo Ray

Nikita
NOTE
2.5/ 5


Le charme de la série B a des limites mais il ne faut pas exagérer. Voici grosso modo, syntaxe nanarde comprise, ce que l’on se dit à la vision de cette accablante mais sympathique « Dimension de la mort », toute entière à la gloire de la musculature de Jim Kelly. Al Adamson, roi du trash et réalisateur du mythiquement nul « Dracula contre Frankenstein », fait preuve ici de son sens inné du commerce en recueillant tous les éléments plus ou moins vendeurs du cinéma de divertissement seventies. Un peu de blaxploitation, un peu de bruceploitation, de forts éléments de James Bond (faut-il parler de bondsploitation ?), on secoue le tout dans un shaker, on assaisonne avec de fortes doses de plans nichons, on lie la sauce avec une louche d’absence de talent, et vous avez « La Dimension de la mort », un pur produit pour cinéma de quartier ! Ce sera toujours assez bon pour eux !


Après ce petit préambule empreint de jargon cinéphilique (un lexique vous sera fourni en cours de chronique), tentons d’expliquer l’intérêt de l’objet : s’il n’est pas le film le plus intellectuellement stimulant de l’histoire du cinéma, « La Dimension de la mort » a pour qualité de représenter une sorte de prototype ultime de la série B fauchée des années 1970. Filandreuse intrigue policière aux accents pseudo-bondiens, le film met en vedette le karatéka noir Jim Kelly, passé à la postérité autant pour sa coupe afro en granit que pour avoir partagé l’affiche avec Bruce Lee dans « Opération dragon ». Kelly n’allait malheureusement pas savoir profiter de son fracassant début et se retrouva rapidement dans le cinéma bis le plus obscur. Adamson utilise abondamment son image de vedette de la blaxploitation (définition pour les non-connaisseurs : mode de films de divertissement mettant en vedette des Noirs, qui fit fureur dans les années 70) en agrémentant le film d’une bande-son groovy qui n’aurait pas déparé dans « Black Caesar » avec Fred Williamson ou « Shaft, les Nuits Rouges de Harlem ». Mais « La Dimension de la mort » est à « Black Caesar » ce que « Bons Baisers de Hong Kong » est à « Goldfinger » ! Scénario insane, mise en scène anémique, montage à la truelle, absence totale de sens du rythme, Al Adamson échoue sur toute la ligne à réaliser un film d’action convaincant, embourbant Jim Kelly dans une intrigue qui mélange les pires clichés des mauvais films d’espionnage et tous les poncifs du cinéma bis seventies. Le côté OVNI du film fait cependant partie de son charme et contribue à en faire une authentique curiosité historique !








L'arme absolue.


Le scénario n’innove guère en prenant pour point de départ la création, par un savant, d’une énième arme absolue. Il s’agit d’une bombe capable de créer du froid, que nous ne verrons en œuvre qu’une fois, lors d’une expérience menée par le méchant : des fumigènes explosent piteusement, et de la neige en polystyrène va recouvrir de malheureux prisonniers mal attachés à des poteaux. Cela n’a guère d’importance, car l’invention en question pourrait aussi bien être une machine à transformer les poireaux en bananes : pur prétexte scénaristique, l’arme n’est qu’un « mac guffin » (gadget servant à faire avancer l’intrigue : cette chronique est un véritable glossaire) chargé de faire courir les personnages. Le Professeur Mason, inventeur de la bombe à geler les gens, se rendant compte que sa trouvaille ne servira pas à faire le bien (mince alors !) se donne la mort plutôt que de laisser son secret à son commanditaire, un mafioso local surnommé « Le Porc » autant en raison de son physique que de ses activités de proxénète.




Le Professeur Mason et son mécène.



Petit test : vous êtes un scientifique de renom, un affreux gangster finance vos recherches pour créer une arme absolue, et vous ne vous doutez pas dès le début qu’il va en faire un mauvais usage ? C’est que vous êtes un savant du genre un peu distrait…


Harold Sakata remet son chapeau de "Goldfinger", histoire qu'on le reconnaisse bien.



Le sbire de Sakata, croisement entre Amin Dada et George Foreman.


L’assistante du défunt inventeur s’escamote avec les plans de l’arme, et se trouve poursuivie par les hommes du maquereau porcin, interprété par le Japonais de Hawaï Harold Sakata, célèbre pour son rôle de Oddjob dans « Goldfinger ». C’est le premier clin d'oeil du film, mais ce ne sera pas le dernier. Car, dans le rôle du chef de la police, intervient maintenant… George Lazenby, interprète malchanceux de James Bond le temps d’un seul film ! Il ne manque plus qu’une secrétaire qui s’appellerait Moneypenny, et le quota référentiel serait rempli…


"Allô ? Oui, c'est George Lazenby à l'appareil... Heu, je voulais vous dire que finalement je regrettais d'avoir renoncé au rôle de James Bond... Si vous voulez, on peut en reparler...Allô? Allô ?!


Lazenby, assez transparent, joue distraitement un commissaire aux ignobles vestes seventies, qui met sur le coup son meilleur homme : Jim Kelly, super-flic doublé d’un invincible artiste martial ! Autant dire qu’avec notre karatéka groovy sur le coup, le Porc va finir en rondelles de saucisson !






Jim Kelly et ses élèves en arts martiaux.


Le film ne va plus être qu’une succession de courses-poursuites et de scènes de baston, entrecoupées de saynètes vaguement salaces à l’occasion de la visite des bordels locaux. Mais l’intrigue en elle-même, menée paresseusement et avec un minimum de frais par un Al Adamson lymphatique, est autant un prétexte que la bombe à faire du froid. La vraie raison d’être du film, c’est Jim Kelly, qui transforme toutes ses scènes de combat en frétillants numéros de danse !




Aérien et frénétique, Kelly bouffe l’espace, mais ne parvient pas à nous faire oublier la misère de ce qui l’entoure : figurants apathiques, méchants qui attaquent l’un après l’autre alors qu’ils sont à quatre contre un, ou qui prennent la fuite après avoir tiré un coup de feu alors qu’ils pouvaient tenir les héros en respect, les adversaires du karatéka noir composent l’une des plus belles bande de branquignols incompétents jamais vus. Un peu moins nuls que les adversaires d’Alphonse Beni dans « Cameroun Connection », mais pas loin !


Sans oublier, vers la fin, un méchant qui a l’obligeance de sauter lui-même dans le ravin pour conclure son combat avec le héros… On notera quand même une cascade automobile qui voit Jim Kelly, accroché au toit de la voiture d’un méchant qui roule à vive allure, frapper le conducteur à travers le pare-brise pour que le véhicule aille s’écraser dans le fossé. Le conducteur s’est entre-temps volatilisé et la voiture explose en cognant un rocher (le choc a dû produire des étincelles qui ont enflammé l’essence…). Cette scène se retrouve d’ailleurs en grande partie dans « Laser Force », comme vous l’apprendra le roman-photo du Rôdeur. Enfin, la vérité se fait jour ! Max Thayer a copié sur Jim Kelly !


Pour achever le tout, Al Adamson décide que la mode de la blaxploitation et les références bondiennes, ça ne suffit pas à attirer le chaland. Voyons, voyons, qu’est-ce qui marche, en ce moment ? Les sous-Bruce Lee, bien sûr ! D’ailleurs, avec Jim Kelly, on n’en est pas loin… Mais si Kelly est en lui-même une référence à Bruce Lee, le réalisateur estime apparemment qu’un seul clin d’œil, ça n’est pas suffisant : comme avec James Bond, il en faut deux ! Arrive alors le sidekick de Jim, un artiste martial asiatique interprété par… Myron Bruce Lee ! Oui, oui, relisez en prenant votre temps… Myron Bruce Lee ! On voit un petit peu la différence, mais ce n’est pas grave… Certains distributeurs du film se sont carrément permis d’annoncer la présence de Bruce Lee lui-même (en mettant « Myron » en tout petit, ça devrait le faire), voire en mettant le visage du vrai Bruce sur les affiches !


Mieux qu'un sous-Bruce Lee : un sous-Bruce Le !



L'assistante du Professeur torturée avec une tortue.



Heureusement, elle compose le téléphone de la police avec les dents.


Ces éléphantesques concessions à la mode ne seraient pas grand-chose si le film parvenait à faire au minimum illusion. Mais, dès que les comédiens sont plus de deux à se mouvoir à l’écran, c’est tout le dispositif qui s’écroule ! « La Dimension de la mort » donne l’impression d’avoir été tourné vite fait et sans autorisation dans trois-quatre appartements, maisons ou bureaux loués au noir à des copains (voire dans le jardin d’Al Adamson lui-même), avec une dizaine de figurants dont les ignobles moustaches 1970 cachent mal l’hilarité et quelques acteurs has-been dans la panade rémunérés en bouteilles de whisky. Le pire se trouve encore dans l’apparition d’Aldo Ray, ancienne vedette des années 1950, dans le rôle d’un intermédiaire venu acheter l’arme à Harold Sakata. Bouffi, hagard, Ray joue son personnage à la manière d’un très mauvais acteur amateur, ce que renforce encore un doublage français à se taper la tête contre les murs.


Aldo Ray. Affreux !



Ouéééé ! C'est le quota sexe !



Wa-tsaaaaa !


Précisons en effet que le film est à voir de préférence, si possible, en VF : si l’on est un petit cran au-dessus de « La Vengeance », le désintérêt des doubleurs pour ce qu’on leur fait post-synchroniser est palpable à l’œil nu (je me comprends), avec pour résultat un véritable concours de beuglements et de glapissements nanars.



Oh ! Un lookalike d'affiches avec un autre film de Jim !


Malgré ces nombreuses perles, on préviendra l’amateur que « La Dimension de la mort » souffre ici et là de quelques solides baisses de rythme, Al Adamson se montrant assez mou du genou quand il s’agit de faire s’emballer l’intrigue. Une certaine tolérance au vieux cinéma bis fauché est donc demandée pour apprécier le film, qui présente, passé ce défaut, suffisamment de charme et de folie pour constituer une vraie curiosité kitsch ! A voir en soupirant de nostalgie, quand on pense aux heureux cinéphages qui pouvaient apprécier ce genre de joyaux sur grand écran, alors que le cinéma pouvait tout se permettre pour pas un rond ! Ce fut l'avant-dernier film de Jim Kelly avant sa retraite cinématographique. Le film suivant d'Aldo Ray fut un X, « Sweet savage » (il ne jouait cependant dans aucune scène hard). Harold Sakata termina sa carrière quatre ans plus tard avec « Bruce Contre-Attaque ». Maintenant, si quelqu’un pouvait m’expliquer la signification du titre, je lui en saurais gré… Ha ? On me souffle dans l’oreillette que c’est pour rappeler « Le Jeu de la mort », avec Bruce Lee… Autant pour moi !

Caps artisanales suées par John Matrix. Merci à lui !

- Nikita -
Moyenne : 2.63 / 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
2/ 5
John Nada
NOTE
2.25/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Jim Kelly n'a jamais vraiment eu la chance d'être connu en France en dehors de quelques acharnés d'arts martiaux. D'où une distribution française parfaitement hasardeuse. Le film a fait les beaux jours des distributeurs vidéo sous des titres aussi variés qu'imaginatifs. On reste encore dans le raisonnable quand on le trouve sous son titre de La Dimension de la Mort chez "Clipper Video" ou sous le titre "Death Dimension" en Belgique chez "Electric Video".
Ca devient plus douteux pour le "Dimension de la mort" de chez "Video Group diffusion" où la jaquette délire gentiment dans l'érotique.


Oh ! Une jaquette volante !


Dans le genre n'importe quoi, on a aussi chez "MPM" "Ninja, la dimension de la mort" avec Stuart Smith en jaquette.


Oh ! Une jaquette volante avec Stuart Smith à la place de Jim Kelly !


Aux States existe un joli DVD de chez "Red Distribution", mais sans guère de bonus.

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