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Coplan Ouvre le Feu à Mexico


Coplan Ouvre le Feu à Mexico

Titre original : Coplan Ouvre le Feu à Mexico

Titre(s) alternatif(s) :Entre Las Redes, Coplan III, Moresque : Obiettivo Allucinante

Réalisateur(s) :Riccardo Freda

Année : 1967

Nationalité : Espagne / France / Italie

Durée : 1h33

Genre : Son nom est Bombe, Jean Bombe

Acteurs principaux :Lang Jeffries, Sabine Sun, Silvia Solar, Robert Party

Nikita
NOTE
2/ 5

Scénario : Bertrand Tavernier, d’après « Coplan fait peau neuve » de Paul Kenny (Editions Fleuve Noir)


Paris, début des années soixante. La série des James Bond explose tout au box-office tandis que Sean Connery, obscur jeune premier écossais, s’impose comme nouveau sex-symbol masculin. Conciliabule chez tous les producteurs de France et de Navarre :
- Purée les gars, y’a les Angliches qui ont vraiment trouvé le bon filon avec leurs films !
- Pas grave, on n’a qu’à faire pareil, on n'est pas plus mauvais qu'eux ! On a sous la main plein d’acteurs anglo-saxons qui peuvent faire l’affaire : Richard Harrison, Ken Clarck, Roger Browne (vu entre autre dans le pas terrible « Des fleurs pour un espion »)… Je ne vois pas ce qu’ils ont de moins que ce Connery !
- Et les scénars ? Faudrait qu’on trouve un aussi bon matériau de départ que les bouquins de Fleming…
- Non mais tu rigoles ? Tu crois que je n’y ai pas pensé ? Tiens hier je suis passé aux puces et regarde ce que j’ai acheté ! (PLAF ! Cinquante livres de poches mités se déversent sur la table)
- Heu… C’est quoi ça ?
- Non mais tu ne lis jamais ou quoi ? La série des Coplan par Paul Kenny, les OSS 117 par Jean Bruce… C’est du bon bouquin d’espionnage ça coco, t’as qu’à te baisser et t’en as du James Bond ! J’vois pas ce qu’ils ont de moins que les Fleming. Et puis d’ailleurs, un film avec Coplan il y en a déjà eu un, on sait donc que ça peut marcher !
- Heu… « Action Immédiate » de Maurice Labro, avec Henri Vidal en Coplan ?
- Tout juste ! Et c’était avant Dr No, les Angliches n’ont rien inventé !
- Oui, dommage qu’Henri Vidal soit mort prématurément, on ne peut pas lui faire reprendre le rôle…
- Bah, il coûtait cher de toutes façons ! Non, et puis il était trop français, il faut prendre un acteur au type anglo-saxon, un Ricain ou un Anglais pas cher… Tiens on n’a qu’à appeler les Italiens, ils ont plein d’acteurs ricains disponibles pour trois francs, ils vont bien nous en prêter un, ou plusieurs si le premier ne fait pas l’affaire ! Au pire on peut essayer avec un acteur français pas cher, genre Dominique Paturel.



Le verso de la VHS de chez "Arwen" (merci ROTOR).


Trois films et quelques années plus tard…


- Bon, les gars, ça marche bien, les Coplan, non ? On est sur les chapeaux de roue. Bon, ok, les films qu’on a fait sont un peu cheap mais bon, les James Bond, c’est pas génial non plus : la mode de 007 ne risque pas de durer, pas la peine qu’on se casse la tête à faire des chef-d’œuvres !
- Tout à fait patron, ha ha ha !
- Bon alors pour ce nouveau Coplan, on va faire un malheur ! On coproduit avec les Espagnols et les Italiens : on garde Riccardo Freda comme réalisateur, il avait bien assuré pour le précédent, « Coplan Fx 18 Casse Tout ! ». Heu… au fait on l’envoie où Coplan ce coup-ci ?
- Les Espagnols voudraient qu’on l’envoie à Mexico, patron…
- Ouais, bon pourquoi pas… Alors là pour le scénario j’ai pensé à un petit jeune qui peut nous en torcher un vite fait pour pas cher… Heu, rappelez-moi comment il s’appelle… Bertrand Charcutier ?
- Bertrand Tavernier, patron !
- Oui, c’est ça… Et pour faire Coplan, on prend qui ?
- Les Italiens nous conseillent Lang Jeffries, un acteur américain : il a fait pas mal de trucs en Italie, des péplums, et aussi des films d’espionnage justement ! Avec une tête un peu connue comme lui, ça devrait rouler !


Lang Jeffries.



Comme qui vous savez, il les tombe toutes.
Après le tournage, première projection du film…


- Heu… Alors, patron ?
- Hé ben c’est pas une réussite, mes enfants… Ok, c’est correctement réalisé, le vieux Freda connaît encore son boulot, mais le scénario… Il n’a pas fait des étincelles, votre nouveau prodige, heu, comment s’appelle-t-il déjà ? Bertrand Pâtissier ?
- Bertrand Tavernier, patron !
- Oui, on s’en fout de toutes façons… Dites, Roger, c’est vous qui me l’avez conseillé ? Hé ben je ne vous félicite pas plus que ça ! Il a réussi à faire un scénario à la fois inexistant et trop confus ! 28 ans et déjà gâteux !
- Mais, patron, il adaptait du Paul Kenny, pas du Flaubert…
- Il aurait quand même pu faire un effort et étoffer tout ça ! Franchement il est complètement invertébré, son scénar ! Coplan rencontre une nana, paf, il se la tape ; Coplan rencontre un méchant, paf il le descend ; les méchants font prisonnier Coplan et lui laissent son stylo alors que n’importe quel écolier sait que les agents secrets de cinéma ont TOUJOURS des gadgets dans leurs stylos ! Et franchement : des anciens nazis qui préparent leur revanche en Amérique du Sud, c’est d’un original ! Et en faisant quoi ? En entraînant un sosie de Lyndon Johnson à prendre la place du Président des USA ! Ok, ça pourrait passer, mais cet aspect du récit n’est même pas développé ni résolu à la fin ! Et le final : Coplan s’enfuit du hangar, on a droit à deux pétards du 14 juillet, et on est censé croire que le héros a fait sauter le repaire des méchants ???
- Ben, heu, patron, y’avait pas assez de sous pour une vraie explosion…
- Ouais et puis les dialogues : quand Coplan drague la Comtesse à la vente des tableaux, qu’est-ce qu’il lui dit ? « Je n’aime pas seulement les natures mortes. Je raffole des nus, je m’efforce de suivre l’exemple de Manet et Renoir… ». Il a improvisé ses dialogues sur le coin d’une table, votre Bertrand Boulanger ??
- Bertrand Tavernier…
- On s’en fout ! Et puis bon, le casting… Qu’est-ce que c’est que ce Lang Jeffries qu’on nous avait recommandé ? Il est aussi expressif qu’une planche à pain, il prend du poids… On dirait un automate, on se fout complètement de ce qui lui arrive…



D’affreux sbires.



La meilleure scène du film : mitraillé par une voiture alors qu’il fait du deltaplane, Coplan, imperturbable, sort un flingue de nulle part et abat la bagnole-jouet des méchants. On appréciera par ailleurs son aisance à se tenir d’une seule main.


- Heu, mais patron, il n’est pas aidé par le scénario, faut avouer que le personnage de Coplan n’est pas bien défini…
- Bon, admettons… Mais bon, merde, on n’allait pas non plus raconter toute la vie de famille de Coplan. Non, franchement, quel navet on a produit ! C’est tellement nul que ça en devient drôle !
- Dans ce cas ce serait un nanar plutôt qu’un navet, patron…
- Hein ? Heu, si vous voulez…


Silvia Solar, actrice française qui fit l'essentiel de sa carrière en Espagne. Elle travailla également pour Eurociné.


- Vous êtes fâché, patron ? On est vraiment désolés…
- Ha, ha, ha ! Mais non les gars ! J’ai l’air de m’emporter, mais en fait c’est pas grave ! Les co-producteurs Espagnols ont aimé et vont sortir le film chez eux, on va rentrer dans nos frais. Faut pas oublier qu’on est en train de tirer sur le dernier bout de corde du filon. Oui, parce qu’on vient d’apprendre que Sean Connery ne voulait plus tourner de James Bond ! Il paraît que la production chercherait un remplaçant… Ils auraient choisi un certain Lazenby, inconnu au bataillon. Non, les gars, ça sent le roussi pour le film d’espionnage ! Je vous l’ai prédit et je vous le redis : la série James Bond n’en a plus pour longtemps ! Alors pourquoi se casser les pieds à produire de bons films ? De toutes façons, vu le niveau du public… Ce sera toujours assez bon pour eux ! Bon, on va peut-être enterrer le film d’espionnage français avec ce film, mais on s’en fout, le genre a déjà un pied dans la tombe !
- Ha, patron, c’que vous êtes fort !
- Je sais, je sais… Faudra chercher un nouveau filon. Paraît que les Ricains envisagent de passer à la science-fiction, il y aurait un projet bizarre de Stanley Kubrick sur une odyssée de l’espace… Bon, ça c’est un tuyau crevé : ça ne sera jamais crédible à l’écran ! Non, l’avenir, à mon sens, c’est le plagiat de Louis de Funès ou les films avec Johnny Hallyday. Faut essayer de bûcher ça. Ha, et puis, Roger…
- Oui, patron ?
- Vous pouvez jeter les coordonnées de ce Bertrand Sommelier…
- Bertrand Tavernier, patron.
- On s’en fout, merde ! Personne n’en entendra plus parler de toutes façons. Si ce gars-là arrive à faire carrière dans le cinéma après ça, c’est que je suis vraiment un producteur de dernière catégorie !
- Ho non, patron, vous êtes très fort !
- Je sais, mon petit gars, je sais.



- Nikita -
Moyenne : 2.06 / 5
Nikita
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
1.5/ 5
MrKlaus
NOTE
BF/ 5
Kobal
NOTE
2.75/ 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation
Comme beaucoup de films populaires des années 60, les aventures de Francis Coplan ont disparu dans les limbes. Il semble n'exister pour l'instant que deux quasi incunables, une très vieille VHS de chez "Super Video production" et une éditée par "Arwen production" (franchement voir une princesse elfe se reconvertir dans l'édition VHS, on se demande vraiment où va le monde ma brave dame...). Mais ne perdons pas espoir : avec la notoriété de Fredda et de Tacheronnier (c'est comment son nom déjà ?), une édition DVD est toujours possible (les OSS 117 commencent bien à ressortir, alors...). Par contre, le film est disponible sur certains canaux de Video On Demand comme Canalplay.

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