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Charlie's Death Wish

(1ère publication de cette chronique : 2007)
Charlie's Death Wish

Titre original : Charlie's Death Wish

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Jeff Leroy

Année : 2005

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1H31

Genre : Leroy du Dollar

Acteurs principaux :Ron Jeremy, Phoebe Dollar, Kiki Encina, John Fava, Eric Flenner, Randal Malone...

Kobal
NOTE
2.75/ 5


Give me a O ! Give me a U ! Give me a E ! Give me a OUEEEEEEE !!!!!

Jeffrey Leroy est décidément un vrai touche-à-tout. Après avoir surtout oeuvré dans le film d'horreur (« Creepies », « Bloody Highway ») ou de SF (« Alien 3000 », « Psychon Invaders »), le voici qui s'associe à son incontournable muse brune pour redonner vie à un genre un peu tombé en désuétude en ces temps de terrorisme international, le vigilante movie. Bah ouais, c'est pas parce que des connards planqués dans des grottes focalisent égoïstement toute la répression mondiale sur leurs montagnes caillouteuses que les petits loubards eud'chez nous ont cessé de commettre leurs larcins. Alors quoi, doit-on laisser notre soeur préférée se faire lâchement assassiner en taule sans que personne ne trouve à y redire ? Doit-on laisser l'empire du crime de Los Angeles prospérer et se vautrer dans la poudreuse, la maquerie et le fric pendant que la police se complaît dans son impuissance ? Si Charles Bronson n’est plus là pour nettoyer les rues, alors ne demeure que la seule et unique solution que tout bon patriote se doit de mettre en pratique : honorer le 2ème amendement, prendre son couteau, son fusil-mitrailleur, ses grenades et aller faire pleurer leur mère aux responsables, et par la même occasion à toute la racaille qui aura le malheur de croiser son chemin. Le peuple hurle vengeance, et son bras armé est incarné par une Phoebe Dollar qui a bien l'intention d'utiliser le cinéma moderne pour propulser au plus haut de la stratosphère artistique son message politique.

Bien entendu, les amateurs du cinéma du père Leroy ont d'emblée compris que le dit cinéma allait relever du gros Z nanar qui pique les yeux et fermente la cervelle, tandis que la belle égérie brune allait plutôt oeuvrer pour l'introduction de sa bio sur Nanarland.


La fameuse soeur dont on va nous matraquer de flash-back pendant 90 minutes.


La Charlie au souhait de mort.

Dès le début, Jeff attaque sévère, sans laisser le temps au spectateur de se préparer : Phoebe Dollar explose la vermine à la grenade, dans un éclat de feu d'artifice scintillant, véritable marque de fabrique de cet amateur d'effets spéciaux qui a dû un jour jurer d'en truffer chacun de ses films. C'est sympa au bal du 14 Juillet, mais pour la crédibilité, on repassera. On pourrait craindre que l'absence d'araignées géantes ou de loups-garous myxomateux limite les débordements nanars de Leroy, ce qui serait bien mal le connaître, car quand on aime éclater des boudins de sang, on trouve toujours une bonne excuse pour le faire. Et ce n'est ni le manque de talent ni le manque d'argent qui l'empêcheront de tenter de nous en foutre plein la vue avec des gunfights vitaminés mais montés n'importe comment, ou bien de sommaires exécutions à la hache. Et là où ce cher Jeff surprend à chaque instant, c'est par sa capacité à associer toutes les technologies possibles au service de la cause, en merdant méticuleusement chacune d'entre elles : incrustations misérables, conduite automobile façon FPS ridicule, mannequin en mousse ahurissant avec faux-raccord culotté, gore grotesquo-nanar... Il faut toutefois avouer que ses maquettes sont souvent splendides, bien que vite anéanties par des explosions pétaradantes utilisées en boucle jusqu'à épuisement de la pellicule. La récup', il connaît, vu sa capacité à utiliser les mêmes FX d'un film à l'autre, ou bien encore les mêmes stock-shots (exemple ici, ceux de « Creepies »).


La panique simulée par un mec qui court au 1er plan.


Le jeu des 7 erreurs d'un plan à l'autre.

Et le top du top, pour les plus observateurs.... Une belle ligne noire de démarcation entre le premier plan et le fond bleu, sur la gauche de l'écran :


Ron tranché net. Du grand art.


Une parfaite imitation de tête humaine avec un collier de boudins...


...destinée à disparaître dans un geyser rougeâtre.

Bien sûr, il est facile de se moquer de ces prouesses techniques. Il ne bénéficie pas de millions de dollars comme tous ces vendus d'Hollywood sans spirit, tellement gavés de fric qu'ils en ont perdu l'essence de l'art cinématographique. A ces gens-là, Jeffrey hurle par l'intermédiaire de son héroïne un bon gros "Fuck Hollywood", et prend un malin plaisir à dynamiter une nouvelle fois la célèbre enseigne nichée dans les collines. L'esprit du bis italien n'est pas mort, il s'est tout simplement transporté quelque part en Californie.


Quand c'est pas une mygale en peluche, c'est un camion.


Beware, the city is being attacked by a giant spider, hmm no, sorry, by a dangerous brown-hair shadowy southern girl...


Jouabilité médiocre : on a beau tourner le volant, la voiture va toujours tout droit.

Il ne faut pas non plus accorder tout le mérite de la réussite nanarde à son réalisateur. Impossible en effet de rater la plus grande actrice underground de ce début de XXIème siècle, j'ai nommé Phoebe Dollar. Scénariste, productrice, actrice principale, la brune emplit l'écran de sa présence si particulière : elle arrive à allier une plastique agréable à un comportement exubérant qui désagrège complètement cet avantage. Aaah, sa moue, aaah, son pif, aaah, sa façon de loucher, aaah, ses fringues vulgos, aaah, sa démarche putassière... En véritable star, elle est partout, change de fringues d’une scène à l’autre avec une remarquable constance dans le (dé)goût vestimentaire, applique implacablement sa vengeance avec un arsenal tellement varié qu'il en devient loufoque (du lance-roquette utilisé en voiture à la mini-arbalète), et profite du film pour nous exposer une philosophie de la vie en parfaite adéquation avec ses influences cinématographiques et ses origines sudistes (elle le dit elle-même dans ses interviews, "never underestimate a southern girl"). L'auto-défense, il n'y a que ça de vrai, une balle dans la tête pour les violeurs, les assassins, les maris infidèles, les chiens qui pissent contre les réverbères et les pires de tous, les démocrates libéraux. Sur ce point, le scénario ne laisse aucune ambiguïté, même le représentant de la police enviant cette liberté d'action. La NRA a p'têt financé le film, qui sait.


Phoebe All Star 2005.


La classe faite femme.

En tout cas, un autre producteur devait probablement être un réseau colombien et il n'a sûrement pas fourni que de l'argent. En effet, la majorité des personnages tournent à la coke pendant tout le métrage, et on peut légitimement se demander si la poudre blanche utilisée était réellement un effet spécial, pour une fois. Si la question de la place de l'humour volontaire dans les films de Leroy se pose souvent devant l'aspect résolument too much de séquences de FX nawak, il n'en est rien ici ; l'ensemble demeure sérieux. Sérieusement con, de fait. Leroy et Dollar citent leurs références dès le titre (« Death Wish » est le titre original de la franchise du « Justicier dans la Ville »), et insèrent un dialogue tarantino-geek-like sur le drame de la fin du premier opus.


Un décor digne de la cafét' des sitcoms AB.


Une séquence mystique : deux têtes de Phoebe pour un seul corps.

Ainsi, « Charlie's Death Wish » ne laissent pas ses spectateurs s’ennuyer, réservant plusieurs grandes scènes de pure nanardise, telles une fusillade démente dans un bar, ou l'enlèvement d'une jeune femme dont je ne peux m'empêcher de vous conter l'incroyable méthode : Phoebe se présente à son appartement en lui annonçant avoir accidentellement embouti sa voiture. Elle lui propose alors de rembourser les dégâts en cash et attire sa victime dans son véhicule pour aller à la banque la plus proche. Mais là, embrouille : Phoebe annonce que son petit copain travaille dans la banque en question, et, jaloux maladif, pourrait mal supporter de voir sa nana traîner avec une autre femme (non, ce n'est pas tiré par les cheveux). Elle lui propose alors de se cacher dans le coffre, ce que l'autre accepte. Et hop, emballée c'est pesé, Phoebe n'a plus qu'à l'enfermer à clé, et à partir en rigolant. Edifiant, non ? Et ce n'est rien quand on voit comment se termine cette affaire : après avoir soutiré les renseignements qu'elle cherchait, Phoebe fait la fausse sympa en faisant mine de laisser à la jeune femme la possibilité de s'enfuir. Mais en vraie vicieuse, elle s'est garée au bord d'un précipice. C'est le drame.


Le nerf de l'art cinématographique.


Phoebe, dans son armurerie, conseille le chaland en matière de destruction massive.

L'action est entrecoupées d'un peu d'enquête et de lattages de loubards, la fin est expédiée à la va vite (plus de thunes... ou plus de coke, allez savoir), la musique se veut hardos pêchue mais sonne plutôt 90's que 2005, Jeff nous sert de l'informatique nanar cuvée nouveau millénaire, et Ron Jeremy traîne sans conviction son gros bide d'une scène à l'autre. Et ce n'est pas la seule guest star du film, car la coco a aussi attiré sur le plateau Dizzy Reed de Guns'n Roses et Lemmy de Motorhead (dont on ne comprend pas très bien le rôle d'ailleurs). Le courant (d'air) a l'air d'être tellement bien passé entre ce dernier et Phoebe que la miss rêve d'une nouvelle réalisation avec le moustachu en vedette. On a hâte. Le reste du cast n'est pas en reste, avec toute une galerie de tronches des bas-fonds hollywoodiens qui cherchent sans succès à donner dans la coolitude avec des fringues tendances, des tatouages badass et des poses de gros branleurs. Même les femmes sont obligées de suivre le modèle dollarien en alternant en bouche grossièretés et gros cigares.


Ron Jeremy, débordant d'enthousiasme.


Lemmy, dans le même état.


Les autres affreux.

Tout ceci m'amène à conclure que si ce « Charlie's Death Wish » n'atteint pas les vertigineux sommets de nanardise des deux autres oeuvres de Jeff Leroy déjà chroniquées sur le site, il n'en demeure pas moins un agréable spectacle de n’importe-quoi désargenté qui plaira à tout spectateur anglophone zédophile.


Nous aussi, on t'aime, Phoebe.

En bonus, voici une autre fusillade dans le commissariat.


Jeff Leroy (et Phoebe Dollar dans le fond), sur le tournage de « Werewolf in a Women's Prison », un film qui fait trèèèès envie.

- Kobal -

Entretiens

Moyenne : 2.63 / 5
Kobal
NOTE
2.75/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation


Le film n'existe qu'en DVD Z1, VO sans sous-titres, trouvable sur les sites de vente en ligne. La couverture fait la part belle aux prestigieux caméos qui, avec un peu de bol, piègeront quelques pigeons supplémentaires.

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