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Catwoman

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Catwoman

Titre original : Catwoman

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Pitof

Année : 2004

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h44

Genre : Il faut vider la litière

Acteurs principaux :Halle Berry, Sharon Stone, Benjamin Bratt, Lambert Wilson

Nikita
NOTE
2/ 5

Le « Catwoman » réalisé par le petit génie français Pitof aura eu le douteux privilège d’appartenir à la catégorie des films qui se font agonir de partout avant même leur sortie. Dès les photos promotionnelles exhibant fièrement le carnavalesque attirail pseudo-SM de la malheureuse Halle Berry, chacun se mit à flairer une catastrophe digne des plus beaux gadins de l’histoire hollywoodienne, certains n’hésitant pas à pronostiquer un film qui supplanterait « Howard le canard » comme pire adaptation de comic-book jamais tournée. Là où Tim Burton, dans « Batman le défi », avait su habilement doser le second degré et le grand-guignol pour nous offrir une adaptation de comics génialement sublimée, l’équipe de ce « Catwoman » ethnicisé semblait bien s’être vautré dans l’excès de kitsch et la gaudriole involontaire ; et tout ce qui est excessif est insignifiant, nous enseigne le sage…


French Touch qu'y disaient...



Ricanant d’avance à l’idée de me délecter d’une pure daube aux petits oignons, je me dirigeais donc vers mon multiplexe habituel. Il faut tout de même préciser que le goût pour les nanars a quelque chose de profondément narcissique : quoi de plus flatteur pour l’ego que de se sentir plus intelligent que le spectacle auquel on assiste ? Quand, en plus, le spectacle se double de l’humiliation publique d’une star que l’on n’apprécie guère (Halle Berry, en ce qui me concerne), le plaisir s’en trouve redoublé.



Me voici donc face au « nanar de l’année » annoncé par toutes les gazettes spécialisées. Et je vous avouerai que, bien que les avis soient ici et là mitigés, je ne fus point déçu par la catastrophe. Bien entendu, nous ne sommes pas là en présence du nanar du siècle, sachant que le niveau de compétence technique des auteurs du film était appréciable ; néanmoins, le niveau de bêtise et de grotesque involontaire est suffisamment élevé pour faire de « Catwoman » une cuvée tout à fait goûtue pour l’amateur de kitscheries décadentes.



On le savait déjà mais à part fumer des pétards, sauter au plafond et jouer au babyfoot, les chats, c'est rien que des branleurs...



Tout d’abord, la Catwoman qui nous est proposée n’a strictement rien à voir avec Selina Kyle, la croqueuse de bijoux inventée par Bob Kane et incarnée par Michelle Pfeiffer dans « Batman le défi ». Le personnage s’appelle ici Patience Phillips (!), humble dessinatrice de pub employée dans une multinationale de cosmétiques peu scrupuleuse. Les patrons de L’Oré… heu, pardon, de Hedare Corporation sont le pédant Georges Hedare (Lambert Wilson) et son épouse Laurel (Sharon Stone) : la timide Patience découvre fortuitement que la compagnie va lancer sur le marché une crème anti-âge aux effets hautement nocifs. Laissée pour morte par les sbires de Laurel Hedare, notre héroïne est alors ressuscitée par un magnifique chat en pixels qui lui insuffle une nouvelle vie.


Frrrrr... Réveilles-toi Halle... Rrrrrr... et ne signe pas pour ce film... Frrrrr



Les sens désormais surpuissants, nantie de pouvoirs félins (non, contrairement à l’Homme-Puma, elle ne vole pas !), ses instincts animaux enfin déchaînés, Patience Phillips devient Catwoman, la justicière de la nuit, qui va confondre les malfaisants, sauver le monde, devenir l’idole des foules, révolutionner le film de super-héros, lancer la carrière hollywoodienne de Pitof et permettre à Halle Berry de remporter un nouvel Oscar !!!

Heu… non, en fait. Car « Catwoman », loin de constituer le spectacle audacieux et novateur qu’aurait nécessité le thème, se résume à une overdose de kitsch foutraque qui, si elle ne constitue pas le nanar du siècle, devrait se bonifier avec le temps comme une authentique aberration hollywoodienne.


Aux Etats-Unis, ils ont Halle Berry, en France on a Richard Berry, c'est un choix (imaginez un instant notre bouffeur de yaourt national dans ce costume...)



Passons sur le plus évident : le costume. Tout bonnement hideux, le déguisement de Catwoman ressemble à la plus cheap des tenues de dominatrice, telle que ne l’utilisent plus les pires ringardes de la profession. Les gants munis de griffes pailletées, le masque grotesque qui fait ressembler notre amie davantage à une souris qu’à un félin, sont autant d’éléments qui font sombrer toutes les scènes où l’héroïne apparaît en costume dans le ridicule le plus épais.


Halle Berry met ses atouts en avant... Grrr



Techniquement, ensuite, il y a comme qui dirait un hic. Car, et j’emploierai là le sens de l’euphémisme qui fait ma gloire dans les cercles intellectuels les plus côtés, Halle Berry n’est pas à proprement parler une très bonne actrice. Jolie et très photogénique, Miss Revlon ne m’a jamais inspiré de grande admiration quant à ses qualités de jeu. A l’heure où ces lignes sont écrites, je n’ai toujours pas vu « A l’ombre de la haine», qui lui valut un oscar, je ne peux donc pas porter de jugement sur cette prestation. Mais, anonyme dans « X-Men », ridicule dans « Meurs un autre jour » (où ses gros nibards sont plus expressifs qu’elle), Halle Berry est également capable d’interprétations allant du banal au grotesque. Son jeu dans « Catwoman » tombe hélas dans la seconde catégorie : alors que Michelle Pfeiffer nimbait son interprétation dans le film de Tim Burton d’une grâce pétillante et d’un sens très sûr du second degré, Halle Berry fait sombrer sa Catwoman dans le burlesque pur et simple.

Le personnage est en effet censé passer d’un registre à l’autre : timide et craintive en Patience Phillips, sauvage et dominatrice en Catwoman. Mais Halle Berry s’avère incapable de jouer la transition entre ces deux états, qu’elle interprète l’un et l’autre avec une rare absence de subtilité, zappant du registre de la gourdasse empotée à celui de la sado-maso dopée au crack, en cabotinant comme si elle voulait tester la résistance de ses muscles faciaux, sans parler d’une démarche qui la voit rouler des fesses comme si elle participait à un défilé de mode avant-gardiste. Ok, elle est très très jolie, mais cela ne donne pas beaucoup de relief à son personnage. L’impression globale est celle d’une actrice à l’ego dopé par son oscar, qui se permet de faire absolument n’importe quoi, quitte à dépasser son seuil d’incompétence.


Benjamin Bratt et Halle Berry : souriez, c'est pour Colgate !



Quant aux autres acteurs, le résultat est plutôt inégal : Benjamin Bratt, très « mannequin de chez Gucci » dans le rôle du flic amoureux de Patience, réussit néanmoins à montrer un certain charisme. Lambert Wilson refait peu ou prou le même numéro de Français snob que dans « Matrix Reloaded », et s’avère plutôt amusant, d’autant que son personnage est assez crédible pour qui a déjà rencontré des cadres du secteur du luxe.


Alors là depuis que j'ai rafflé le rôle du méchant français pour blockbuster americain à Tcheky Kario, je vais pas me priver pour cabotiner comme une bête...



La vraie déception vient hélas de Sharon Stone, la faute en incombant plutôt à son personnage de méchante caricaturale, et donc mille fois vue. Sous-employée, l’actrice semble s’ennuyer. Cela est d’autant plus dommage que le duel entre Catwoman (femme ayant libéré ses instincts animaux) et Laurel Hedare (femme à la beauté artificielle et pétrifiée) pouvait s’avérer richement symbolique. Mais la portée potentielle des personnages est en grande partie négligée.


Sharon Stone contemple le crash en piqué de sa carrière…



Le grotesque du costume de Catwoman et l’insuffisance d’Halle Berry étant posés, le film est-il pour autant un nanar de choix ? On peut en discuter, tout le monde n’étant pas convaincu de ses vertus comiques. Le film de Pitof est en effet techniquement réussi, son budget se voit à l’écran, et une bonne partie des acteurs assure convenablement son rôle. Cependant, je demeure convaincu, non seulement des vertus nanardes du film, mais également de sa capacité à se bonifier avec le temps, acquérant des « qualités » supplémentaires au fur et à mesure que ses prouesses techniques feront moins illusion. Pitof a en effet un vrai talent visuel (je suis un des rares défenseurs de « Vidocq »), mais il n’est pas un très grand raconteur d’histoires, son film valant surtout ce que vaut le scénario.

Or, ici, justement, « Catwoman » présente une double faiblesse structurelle : outre le caractère peu convaincant du personnage principal qui devrait en être le pivot, le film échoue à proposer une histoire qui s’avèrerait à la hauteur des effets visuels de Pitof. La recherche du spectaculaire, de l’image choc, de l’angle de prise de vue novateur, est maximisée aux yeux du spectateur quand elle s’appuie sur un récit également novateur et original (comme dans les meilleurs films de Tim Burton ou Terry Gilliam) ou sur un authentique délire narratif (« Tueurs-nés », « Suspiria »). Ici, tout le talent de « clippeur » de Pitof se trouve mis au service d’un récit tout à fait banal, comme on pourrait en lire dans n’importe quel comic-book peu inspiré. Mais en imprimant son style distancié et frénétique à un contenu mille fois vu, Pitof ne fait que renforcer le décalage entre le fond et la forme, échouant à exprimer un authentique respect pour l’œuvre originale, comme a pu le faire Sam Raimi pour « Spiderman ». La création de Bob Kane étant ici réduite à son seul nom, la référence au support BD est inexistante et ne peut donc venir renforcer l’adhésion du spectateur.


Sharon et Halle dans « Rêves de cuir 3… ». Heu, pardon !



En résumé, « Catwoman », s’il présente de vrais moments de bravoure ici et là, ne réussit jamais à échapper au côté désespérément creux et surfait qui le caractérise, s’apparentant au final à un gros gâchis d’argent. Privés de structure narrative adéquate pour les soutenir, les morceaux de bravoure technique tournent à vide et s’apparentent de plus en plus, au fur et à mesure que le film avance, à une orgie de mauvais goût. On finit par se bidonner franchement au spectacle des exploits de notre héroïne qui écrase le mal en roulant du cul et transforme ses scènes d’action en délires de vulgarité à force de sous-entendus félino-sexuels. Même si « Catwoman » ne fait pas l’unanimité dans la team nanarland, je suis prêt à parier sur la persistance, avec les années, de ses qualités nanardes, qui témoigneront pour les générations futures du mauvais goût hollywoodien à son maximum, de l’implosion de la carrière d’une vedette qui avait pris le melon, et prouveront une fois pour toutes que le cinéma, ce n’est pas seulement l’art de faire péter des feux d’artifices dans la gueule du spectateur. Faute de fond adéquat, la forme se nanardise d'elle-même, et devrait encore se nanardiser avec le temps.

Preuve en est que « Catwoman » distord les goût : à l’issue de la projection, j’étais davantage séduit par la rondouillarde Alex Borstein (qui joue l’amie rigolote de l’héroïne) que par Sharon ou Halle ! Mais bon, ce doit être parce que j’ai mauvais goût à la base, sinon je ne serais pas allé voir le film… A voir, donc, et à consommer comme un bonbon gras et trop sucré, en sachant qu’un tel film est une véritable publicité pour les cartes de cinéma !

Allez, Halle, va te cacher !
- Nikita -
Moyenne : 1.89 / 5
Nikita
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
4/ 5
Labroche
NOTE
1.5/ 5
Peter Wonkley
NOTE
1/ 5
Wallflowers
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
1/ 5
Mayonne
NOTE
0/ 5
Drexl
NOTE
4/ 5
Barracuda
NOTE
1.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
1.25/ 5
Hermanniwy
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation
Gros blockbuster même raté = DVD collector techniquement irréprochable plein de bonus promo où tout le monde ne tarit pas d'éloges sur le projet (même si c'est pour vomir dessus six mois plus tard comme le fit Halle Berry). Les bonus de "Warner Home Video" constituent peut-être la partie la plus intéressante du DVD avec, outre les scènes coupées et les making of d'usage, un documentaire sur le personnage de Catwoman présenté par Eartha Kitt, l'une des titulaires du rôle dans la série des années 60 (on y croise entre autre l'ami Adam West).

Bon, et puis ne vous fiez pas trop à l'avis de Nikita, tout le monde à Nanarland ne déteste pas Halle Berry... par contre tout le monde déteste Pitof ! Faut dire il porte moins bien le wonderbra de Catwoman...