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Buffy, tueuse de vampires


Buffy, tueuse de vampires

Titre original :Buffy the Vampire Slayer

Titre(s) alternatif(s) :Bichette la Terreur

Réalisateur(s) :Fran Rubel Kuzui

Année : 1992

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h26

Genre : Chauffe Marcel !

Acteurs principaux :Ben Affleck, Kristy Swanson, Rutger Hauer, Donald Sutherland, Luke Perry, Paul Reubens, Hilary Swank, Michele Abrams, Paris Vaughan, David Arquette, Ricki Lake

Drexl
NOTE
3/ 5


On pourrait se dire qu'à force de tourner chaque année une flopée de teen movies où les binoclards fans de SF se font asticoter plus que de raison avant de prendre leur revanche, Hollywood aurait compris la leçon. Mais non. Quand la Fox voit débarquer le jeune Joss Whedon au tout début des années 90, avec sous le bras une histoire de pom-pom girl entraînée à démastiquer les suceurs de sang proliférant dans son bahut, un bizutage en bonne et due forme se profile. Faut dire qu'à l'époque, Whedon était encore loin d'être la divinité absolue du panthéon geek qu'il est aujourd'hui grâce à Angel, Firefly, Dollhouse, Dr Horrible's Sing-Along Blog, ou, of course, Buffy contre les vampires. Cette même Buffy, il en imagine donc la genèse en long-métrage. Il tend sa copie aux producteurs avec la même candeur que l'éternel intello remettant son devoir de math à la grosse brute de la classe, sans se douter qu'il va se prendre une tarte dans la gueule pour seul remerciement.



La Fox décide en effet de ne pas prendre le projet au sérieux une seule seconde. Le scénario de Whedon, sorte de résumé de la première saison de sa future série, est réécrit dans les grandes largeurs : les blagues de mauvais goût (accentuées par une VF complaisante à souhait, on y reviendra) sont rajoutées à la louche, la moindre scène contenant une once de noirceur est éjectée, la direction artistique sera teen & top fashion, donc ringarde au bout de six mois. Une fois le tournage commencé, Joss Whedon préfère tirer sa révérence au bout de quelques jours, écoeuré par la trahison dont il s'estime victime. A la vision du carnage en question, on le comprend largement.


Il convient de préciser que cette chronique s'appuie sur la stupéfiante version française du film. Bien évidemment, sans cette valeur ajoutée, le film atteint un degré tout à fait respectable de nanardise, ne serait-ce que par sa croquignolesque direction artistique mentionnée tout à l'heure (avec un sens aiguisé de l'approximation temporelle, on peut affirmer qu'à deux ans près, ce film a tué les années 80), ou par un casting aussi hétéroclite que délicieusement aberrant. Jugez plutôt : Luke Perry en jeune premier rebelle, proto James Dean du pauvre ; Donald Sutherland en tuteur flegmatique costumé à la Pervers Pépère ; pour son premier rôle, Hilary Swank en poufinette insupportable mâchant continuellement un chewing-gum imaginaire ; Rutger Hauer, chef des vampires doté d'une bedaine à la Steven Seagal ; Paul "Pee-Wee" Reubens en goth looké chez H&M ; un David Arquette juvénile et a priori cocaïné ; et pour les yeux les plus aguerris, des apparitions très fugaces de Ricki Lake et Ben Affleck. Malgré tous ces atouts déjà bien monstrueux, il faut impérativement et avant toute chose rendre grâce à la VF.


Luke Perry, loin du soleil de Beverly Hills.

Un Donald Sutherland savamment miteux, qui déclarait à propos de ce nanar : « I could'nt bring myself to say I was making a film called "Buffy the Vampire Slayer" » (« Impossible d'avouer que je jouais dans un film qui s'appelait "Bichette la terreur" »).

Rutger Hauer, en totale roule libre !

Paul "Pee Wee" Reubens, relooké façon vampire métalleux de Monoprix.

David Arquette, avant...

...et après.

Hilary Swank, encore bien loin de Million Dollar Baby.

Sans oublier une apparition-éclair de Ben Affleck...!


Ne serait-ce que par le choix de prénom du binôme amoureux principal. Sachez, vous qui insérez la VHS dans votre lecteur, que l'héroïne ne s'appelle pas Buffy, mais Bichette. Oui, Bichette. Que ce n'est plus une tueuse, mais une terreur, qu'on surnomme en conséquence Bichette la Terreur. Ensuite, le personnage de Luke Perry, Pike en VO, est renommé Marcel – ce qui donne lieu à l'un des meilleurs dialogues français du film, lors de la scène de présentation officielle du futur couple :
- "C'est quoi ton nom ?
- Marcel.
- Marcel… Tu chauffes…"
Rien que ce parti pris oriente fatalement la vision du film. Voir une pom pom girl couillonne et un loubard du dimanche tout juste sorti de Beverly Hills mener l'action, tout en se remémorant en permanence qu'ils s'appellent Bichette la Terreur et Marcel, ça tient presque du miracle comique. La société de doublage a inventé ici une forme de gag rémanent à l'efficacité constante, un fil rouge humoristique amenant les zygomatiques à l'orgasme dès que chaque prénom est prononcé ; du coup, peu importe que la démarche soit volontaire ou pas : c'est admirable. Outre le superbe dialogue précité, la version française joue à fond la carte de l'outrance expressive et de l'humour régressif à satiété, jusqu'au non-sens le plus vertigineux, comme dans cet intermède lors d'une des (pathétiques) scènes de baston, où Marcel vient in extremis de sauver Bichette d'un vampire.
- "On dirait que cette fois, c'est moi qui t'ai sauvé les fesses…
- Ah, alors on a fait un échange de fesses !"
Je vous laisse méditer là-dessus pendant autant d'heures qu'il le faudra.



L'entraînement d'une championne...


Au niveau purement artistique, Buffy, Tueuse de Vampires fait partie de cette catégorie honnie de films commerciaux beaucoup trop conscients de leur légèreté, et qui n'hésitent pas une seule seconde à prostituer la notion de second degré. Un ancêtre du peu glorieux Jennifer's Body : un produit calibré avec insistance pour les teenagers mais où lesdits teenagers sont systématiquement pris pour des crétins, un comble de cynisme mal placé et surtout très mal géré. Outre des facilités d'écriture gênantes, au gré desquelles les enjeux dramatiques sont évacués dans des scènes de dialogue lapidaires rendues involontairement hilarantes, la réalisation est constamment à côté de la plaque et la direction d'acteurs est l'une des plus apocalyptiques jamais vue : la quasi intégralité du casting cabotine jusqu'à l'implosion faciale (impossible de se dire que sept ans plus tard, Hilary Swank remporterait un Oscar), seuls Kristy Swanson et Luke Perry se contentent de mal jouer.



Des vampires pour rire, un humour potache catastrophique prenant volontiers le pas sur l'épouvante.


Une nouvelle fois, dans cette aventure cinématographique, le dindon de la farce reste le geek, le nerd, l'ado. En accouchant de ce film, la Fox a alors montré tout le mépris qu'elle pouvait exprimer à ces publics, comme à ses hérauts. Cinq ans plus tard, Joss Whedon, gonflé aux stéroïdes d'un CV beaucoup plus impressionnant qu'à l'époque, lançait la production de la série Buffy contre les vampires, avec le succès qu'on connaît, toujours avec la Fox et le concours de Fran Rubel Kuzui (à la production exécutive cette fois-ci), mais avec un regard et un poids décisionnel carrément plus affirmé. Dans le jargon Hollywood Stories, on pourrait appeler ça Revenge of the Nerds.



- Drexl -
Moyenne : 2.33 / 5
Drexl
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
2.5/ 5
Wallflowers
NOTE
B.F./ 5
Jack Tillman
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation
Succès de la série quasi homonyme oblige, "Buffy, tueuse de vampires" est dispo en DVD à la fois en France et aux Etats-Unis. Chez les Ricains, 20th Century Fox a sorti le film dans une édition simple, avec pistes en anglais et en espagnol, et des sous-titres dans ces deux langues. En France, Fox Pathé Europa a sorti une édition plus simple encore, avec la version française et puis basta.


Le zone 1 sorti aux Etats-Unis.

Le zone 2 sorti en France.

La VHS française.