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Black Samuraï

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Black Samuraï

Titre original : Black Samuraï

Titre(s) alternatif(s) :Black Terminator

Réalisateur(s) :Al Adamson

Année : 1976

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h28

Genre : Nain porte quoi

Acteurs principaux :Jim Kelly, Bill Roy, Marilyn Joi, Bill Yeager, Essie Lin Chia

Nikita
NOTE
2.75/ 5


Il en va de la démence comme de tous les dérèglements : son excès finit par créer, à force de chamboulement des règles communément admises, un monde à part nanti de ses propres unités de mesure. Le mépris pour toutes les normes de la logique et du réalisme fait ainsi de ce « Black Samuraï » un objet particulier, en perpétuel équilibre instable entre le nanar délirant et la série B jouissive, à la frontière impalpable où un film cesse d’être appréciable au premier degré pour pénétrer le royaume psychédélique du nanar extrême.


On ne dira jamais assez combien la non-carrière de Jim Kelly fut un drame : le karatéka à la mirifique coupe afro avait un potentiel véritablement explosif qui ne fut jamais exploité à sa juste valeur. Le partenaire de Bruce Lee dans « Opération dragon » comptera sans doute comme les personnages à qui l’univers un peu étriqué de la série B ne permit jamais de donner toute leur mesure. S’il n’est pas le chef-d’œuvre qui aurait permis à Jim de se maintenir au top du vedettariat, « Black Samuraï » est cependant digne d’intérêt, grâce à la folie qui le parcourt à tous les instants. Mélange démentiel de sous-James Bond, d’arts martiaux, d’aventures exotiques et de n’importe quoi sous acide, cette adaptation d’une série de romans d’action populaires dans les années 70 est une authentique curiosité kitschissime.


Les revues pulp de Marc Olden.


C’est sans doute le meilleur film d’Al Adamson, roi de la série B californienne fauchée dans les années 60-70, qui avait prouvé avec « Dracula contre Frankenstein » sa capacité à transformer la médiocrité en nullité et le nanar d’horreur poussif en délire sixties puissance mille. Ici, Adamson avait miraculeusement bénéficié d’un budget à peu près décent (tout est bien sûr relatif, mais les lieux de tournage en attestent) : il en profite pour nous donner, tel un Jean-Marie Pallardy soudainement aux commandes de « White Fire », un véritable bijou du délire n’importe quouesque et de l’action sans rime ni raison. Fabuleusement jouissif, « Black Samuraï » est appréciable aussi bien au premier degré, car le rythme y est véritablement effréné, qu’au second, grâce aux innombrables bizarreries que l’on y trouve.

FESTIVAL JIM KELLY !






Il est trop rapide, impossible de le capser correctement !

Zen…


Jim Kelly est, comme le titre l’indique, le « Black Samuraï », de son vrai nom Robert Sand, super-agent secret au service d’une organisation américaine nommée D.R.A.G.O.N., sorte de CIA en plus sympa, dont la raison d’être est apparemment de botter le cul des méchants où qu’ils sévissent dans le monde. Sand est dérangé en pleines vacances par ses patrons, qui le chargent d’aller mettre hors d’état de nuire un certain Janicot, qui est à la fois trafiquant de drogue, grand prêtre vaudou, génie du mal, enfoiré de première et aspirant maître du monde (un vrai cumulard !). Tout d’abord réticent, notre héros se laisse convaincre en apprenant que Janicot a fait enlever sa fiancée, fille d’un diplomate chinois.



La voiture top classe du Black samuraï !


Ni une ni deux, le Black samuraï se met en chasse, et à partir de là, la baston ne va littéralement plus cesser durant la totalité du métrage. Assez court, le film ne dure qu’une heure vingt, mais se montre suffisamment dense pour que le spectateur en ait pour son argent. De bagarre en échauffourée, d’échauffourée en baston, de baston en passage à tabac, de passage à tabac en grosse rouste, l’action ne cesse pour ainsi dire jamais !


Tout d’abord, passons en revue les ingrédients les plus routiniers du film, qui le rangeraient plutôt dans la catégorie des sous-James Bond classiques.


Des méchants ignobles !

Un grand méchant, prêtre vaudou, trafiquant, etc. (voir plus haut)

Un horrible bras droit, moustachu, sud-américain et baron de la coke ! (ce qui fait beaucoup)

Une prêtresse vaudou teigneuse comme la gale ! (et le fait de jouer aussi dans « Ilsa Gardienne du Harem » n’a pas dû améliorer son caractère)




Des sbires moustachus comme s’il en pleuvait !


Des gadgets de haute technologie, que même James Bond il en a pas des comme ça !

C’est la fête chez les méchants !


Avec une strip-teaseuse top classe !

- Cette teuf est vraiment méga cool !
- Ouais trop géniale !


Mais « Black Samuraï » se distingue également par des touches de surréalisme qui vont crescendo au fur et à mesure du récit. Tout d’abord, il convient de noter la bizarre obsession d’Al Adamson pour les personnes de petite taille. On l’avait déjà vu offrir au gnome Angelo Rossitto un rôle de premier plan dans « Dracula contre Frankenstein » ; ici, il semble décidé à multiplier les nains sans que cela soit par ailleurs aucunement justifié dans l’histoire. Le méchant emploie en effet une quantité anormale de nains, que Jim Kelly se fait un plaisir de réduire en pâté de foie au fil des scènes. Le défoulement sur des nains atteint même des proportions inquiétantes, qui se verraient aujourd’hui dénoncées publiquement par l’association des personnes de petite taille !




Le film se distingue en outre par sa remarquable incohérence géographique. Est-ce le récit qui va si vite que l’on n’a pas le temps de tout comprendre, est-ce le montage qui a sucré des séquences explicatives, est-ce moi qui avais bu ? Toujours est-il que je serais bien en peine de vous dire où se passe l’action. En Asie ? Effectivement, les premières séquences, qui mettent en scène l’enlèvement de la fiancée de Jim Kelly, se passent à Hong Kong. Mais ensuite, de scène en scène, l’action se voit transposée sur à peu près tous les continents imaginables, sans aucune transition ! Au point que le récit semble au final se dérouler dans un continent imaginaire, qui réunirait à la fois des musiciens folkloriques sud-américains, des temples hindous et des guerriers zoulous tous droit sortis d’un album de Tintin ! Pire que le BD « Le Fantôme du Bengale », qui faisait apparaître des tigres dans la jungle africaine !



Jim Kelly contre Shaka Zulu !


Mais « Black Samuraï » donne également à Jim Kelly l’occasion d’interpréter un héros tout à fait politiquement incorrect, encore plus méchant que Schwarzenegger dans « Commando ». Violent, sadique (il estropie volontiers ses adversaires, pire que Steven Seagal), et même raciste (il traite un méchant de « whitey faggot », soit « pédé de blanc »), l’agent de D.R.A.G.O.N. est l’une des plus belles enflures que le cinéma d’aventures ait jamais exhibée comme héros depuis le SAS de Gérard de Villiers !


Le scénario n’est qu’un prétexte pour enchaîner des séquences d’action toutes plus frappadingues les unes que les autres, dans un délire typique de l’outrance des années 1970. Le plus beau étant évidemment le bouquet final, qui voit Jim Kelly affronter toute la garde du méchant, estourbir une armée de figurants empotés, se battre avec un vautour, jouer les Mohammed Ali du karaté, pour laisser finalement des dizaines de figurants sur le tapis et repartir vers le soleil couchant en se passant négligemment la main dans sa coupe afro. Trop fort, Jim ! Même Chuck Norris est moins imbattable que ça, c’est dire !


Janicot (Bill Roy), le grand méchant.

Horreur! Un moustachu sanguinaire !

Notre héros prisonnier de la prêtresse vaudou ! Mais il en faut plus pour l’impressionner…

Le méchant fait donner la garde !


Malandrins ! Je m'en vais vous étriller de belle manière !


Tiens, tiens et tiens !

Prends ça, gredin !

Ketchup Party !

Ouééé ! Un peu de baston entre filles !

Pendant que Jim s’occupe du gros des troupes…

…son copain se frite avec des nains !


Va t'acheter des échasses !

Bon point pour le film : la production a fait des frais sur les lieux de tournage.

Jim contre le vautour apprivoisé du méchant !


« Black Samuraï », sans être un nanar à 100%, car il se révèle étonnamment cohérent et rythmé pour un film d’Al Adamson (« La Dimension de la Mort », du même réalisateur, avec également Jim Kelly, était un film nettement moins réussi), contient suffisamment de scènes démentielles et d’absurdités clichetonneuses pour intéresser l’amateur de bizarreries. Le plus beau est encore la scène de combat final entre notre héros et le principal sbire de Janicot : cette séquence avait visiblement été tournée sans dialogue mais, quelqu’un ayant sans doute trouvé le tout un peu mou, des répliques furent ensuite rajoutées au montage. Or, aucun des deux acteurs ne parlait durant la scène ! Comment se débrouiller pour rajouter des dialogues ? Simple, il suffisait de faire parler un personnage quand la caméra se trouvait sur l’autre. Ainsi, durant toute cette scène, les deux combattants ne cessent de se défier en paroles, mais parlent constamment, l’un et l’autre, en voix off. L’effet comique est irrésistible, une fois que l’on a repéré le truc.






« Come on, try to hit me, try to hit me ! » (Mohammed Ali staïle)


Le Black Samuraï, faut pas lui baver sur les rouleaux !


L’accumulation de touches de délire, le jeu outré de la plupart des comédiens, les lancers de nains, le n’importe quoi sans complexes ni limites font de ce « Black samuraï » une bonne gourmandise à savourer sans modération, pour goûter aux plaisirs coupables de la série B kitsch. A découvrir !


C'est bon, tout le monde est out, on peut se rouler une pelle !

Se taper une Niakouée, c’est la classe, on dirait Steve Mc Queen dans « La Cannonière du Yang-Tsé » !

- Nikita -
Moyenne : 3.00 / 5
Nikita
NOTE
2.75/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
Peter Wonkley
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
2.75/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation


On ne répètera jamais assez que Jim Kelly n'a pas eu en France la carrière qu'il méritait. Pour preuve le fait que ce film ne soit jamais sorti chez nous. Il a fallu attendre 2010 avant que les frères siamois du "Chat qui fume" nous offrent cette perle dans leur collection "Soul Cat". Respect Broz ! Un joli DVD qui sent bon son vintage : pas de VF (qui n'existe de toute façon pas) mais une V.O. sous-titrée et un master d'époque, c'est à dire recadré et un peu fatigué. Le tout accompagné de quelques bonus sympas dont un doc sur Fred Williamson, des bandes-annonces à foison et une interview d'une autre star méconnue de la blaxpoitation, l'acteur karateka Ron Van Clief.

Rappelons pour mémoire et pour la beauté des visuels quelques-unes des versions DVD simplettes et surtout sans sous-titres français dont nous avons longtemps dû nous contenter : en zone 1, l'édition "Brentwood Communication" qui trône en tête de cette chronique ou celle britannique et visuellement identique de chez "Revelation Film".

"Brentwood" l'a aussi sorti en double édition avec le fun "Shaolin Dolemite" avec l'impayable Rudy Ray Moore ou dans diverses compilations de films du même genre.



Cette édition remplace une édition anonyme qui semble être un DVD-R qu'on ne trouve pratiquement plus nulle part.


Attention de ne pas confondre ce film avec « Black Samouraï » (titre original : Death Force), qui est un film philippin réalisé par Cirio H. Santiago.