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Biokid's


Biokid's

Titre original :Biokids

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Ricardo 'Bebong' Osario

Année : 1990

Nationalité : Philippines

Durée : 1h26

Genre : Chérie, j'ai rétréci les Biomen

Acteurs principaux :Dick Israel, Philip Gamboa, Katrin Gonzales, R.R Herrera, Patrick Sonora, Keith Peralta, Susana Lozada, Ai-Ai de las Alas

Wolfwood
NOTE
3/ 5

On dit parfois que la réussite d'un homme se mesure à ce qu'il a fait de ses enfants. Très franchement, voilà une phrase à ne surtout pas prendre au pied de la lettre pour peu qu'on ait fait visionner « Biokid's » à sa chère progéniture. Ou alors, c'est prendre le risque de culpabiliser pendant des années durant tant l'infâme tambouille qui nous est proposée ici persuaderait n'importe quel individu que, si les bambins ne naissent pas crétins, ils ont de sérieuses chances de le devenir après une exposition prolongée devant cette chose que seul un éditeur mal intentionné ose encore appeler "film".


Une jaquette qui donne le ton avec son orthographe hérétique et ses photos qui pour les trois quarts, ne sont même pas issues du long-métrage [notre spécialiste maison des sentaï nous souffle qu'elles proviennent des séries « Dai Sentai Goggle V » (1982) et « Ninja Sentai Kakuranger » (1994)]. A noter qu'on se demande encore ce que peut bien être ce fameux "perfect", vu qu'il n'en sera jamais fait mention...


Mais ne nous laissons pas gouverner par nos émotions et prenons les choses dans l'ordre. L'aventure qui nous est narrée évoque donc les tribulations d'un groupe de jeunes écoliers aventureux, sorte de Club des Cinq made in Manille. Décidant de découvrir le mystère qui plane sur une prétendue maison hantée, ils se retrouveront face à son occupant, un étrange savant qui leurs permettra de devenir les Biokids, sorte de Power Rangers que l'on aurait passés au sèche-linge avec un peu trop d'enthousiasme. Dotés de superpouvoirs, ils auront dès lors pour mission de faire régner l'ordre et la justice dans les parkings et les supérettes aux abords de leur village. Mais bien vite, enfin au bout d'une très grosse demi-heure de métrage, une menace bien plus sérieuse va venir planer sur le terrain de jeu des Biokids en la personne de monsieur Clown, un être démoniaque dont le but est de conquérir le monde en créant une armée de super soldats à l'aide d'un jeu vidéo. Un plan qui prend une ampleur plus monstrueuse encore quant on constate avec angoisse comment s’y prennent ces créatures cybernétiques : en saccageant les salons de leurs victimes !


L'attaque des clones pas très ressemblants.

Les odieux Exxor et monsieur Clown, preuves qu'il n'y a pas qu'en Turquie qu'on se moque royalement de la propriété intellectuelle.


D'emblée, on voit que les scénaristes n'ont pas jugé pertinent d'apporter un grand soin à leur trame. Clichés en pagailles, poncifs à gogos : c'est un peu tous les éléments évocateurs pour le gamin moyen qui seront alignés ici, comme autant de pâtes à un collier de nouilles. Cet aspect reste pourtant purement anecdotique comparé à l'ambiance générale du film, « Biokids » s'imposant avec éclat comme une porte d'entrée vers les tréfonds de la connerie la plus abyssale. Certes, le cinéma à destination de nos chères têtes blondes se caractérise souvent par une grande naïveté, en quelque sorte légitime vu le public visé, et sur laquelle nous autres cinéphages détraqués n'avons pas grand chose à redire, sauf qu'ici, du scénario aux acteurs en passant par l'humour véhiculé, aucun aspect de cette horreur n'échappe à un cahier des charges dont le seul but semble être de liquéfier les cerveaux des esprits fragiles croisant sa route.


Dormez tranquille braves gens : les Biokid's veillent.


Prenez les héros du film. Le fait qu'ils obéissent à des stéréotypes bien marqués (le leader, le froussard, l'intellectuel, filles sensibles et fleurs bleues) ne fait que démontrer une nouvelle fois qu'il ne sert à rien d'être original, surtout pour un public d'attardés mentaux, ou du moins qu'on ne porte pas en très haute estime. Mais le plus déroutant, c'est l'inquiétante stupidité de ces écoliers et l'image qu'ils peuvent donner aux jeunes générations. Supposons que vous soyez encore un enfant et que vous occupiez vos loisirs à pénétrer dans une demeure par effraction. Déjà, bonjour l'exemple. Si vous tombiez sur un inconnu plutôt louche qui vous propose tout à trac de prendre un cachet et de rentrer dans une machine assez suspecte, accepteriez-vous de le faire ? Le bon sens, la raison, l'éducation, tout ce que vous voulez, vous empêcherez de faire les choses qu'il vous demande. Et bien dans l'univers merveilleux des Biokid's, on ne s'embête pas de ces règles de base et c'est avec un sang-froid imperturbable que nos chérubins vont accepter de céder aux demandes de cet énergumène passablement dérangé. Une situation qui reflète bien l'ensemble du métrage où, non content de prendre les gens pour des imbéciles, on leur inculque des valeurs assez douteuses. Pour un film de mioches, c'est limite malsain.


Les cinq marmots, pas moins abrutis au naturel qu'une fois transformés.


Pour continuer, concentrons-nous un instant sur le jeu des acteurs. Là aussi, rien ne sert de s'encombrer avec une quelconque direction artistique. Autant laisser ses comédiens partir en vrille pour faire strictement n'importe quoi devant l'écran. Et n'imaginez pas qu'il s'agisse d'un phénomène marginal, où quelques personnes s'agiteront frénétiquement, tandis que le reste du casting jouera convenablement. Pour être franc, le plus dur à trouver dans ce film, c'est un comédien mesuré et on n'y parvient que grâce à la prestation de Philip Gamboa dans un rôle secondaire. Il s’agit là d’une exception, j’insiste : le reste des personnages fait continuellement preuve d'un sens du cabotinage au-delà de l'humainement imaginable. Il faut, en outre, voir un commerçant en plein braquage entreprendre un numéro de corrida improvisé avec son agresseur pour se convaincre définitivement que les protagonistes ont tous un sérieux grain. Idem pour les méchants, toujours au taquet, et ne rechignant jamais à livrer des prestations sans aucune finesse tout en ricanements sardoniques et regards malveillants. Pourtant, dans ce bourbier infâme et malgré les efforts de nos vils oiseaux, la palme de l'excès revient sans conteste au mentor de nos héros, caricature de professeur fou qu'on dirait branché sur batterie et prêt à singer les pires mimiques d'un manga torché par un redoublant en première année d'art appliqués. Dès lors, on en viendrait presque à craindre pour sa véritable santé mentale, tant il apparaît inconcevable qu'un homme puisse autant en rajouter sans être lui même à demi cinglé.


Le savant et son style tout en légèreté.

Les sbires de Clown : une foire aux grimaces, même au repos.

Philip Gamboa, vu dans Les Massacreurs aux côtés de Bruce Baron et radeau de sobriété dans une marée noire de surjeu.



Toutefois, l'interprétation des comédiens n'est que le reflet de l'humour général aussi lourd qu'une plâtrée de saindoux et ouvertement porté sur le style "pipi caca". C'est en effet souvent en dessous de la ceinture qu'il faudra aller chercher les gags et voir un des Biokid's s'asseoir sur le nez d'un sbire pour le faire s'évanouir en lui pétant dessus n'offre qu'une vague idée de ce qui nous sera servi pendant près d'une heure trente. Autre élément plus parlant que les blagues elles-mêmes, et témoignant du niveau zéro de la recherche en matière de ressorts comiques : l'antique méthode qui consiste à imaginer qu'il suffit de rire face à une caméra pour que le public en face de même. Et le plus terrifiant, c'est que ça marche, le phénomène d'usure s'avérant ici si redoutable qu'il provoquera des spasmes nerveux chez l'auditoire, le voyant s'agiter de rires nerveux parfaitement incontrôlables.


A votre avis, que fait ce garçon ? Attention, il y a peut-être un piège…

…et non même pas !

Que dire ? Les mots me manquent…


Le budget, pour peu qu'on puisse supposer qu'il y en ait eu un, est à l'avenant de tout le reste, les costumes de nos jeunes sauveurs ayant tout l'air de pyjamas criards auxquels on aurait ajouté des casques de mobylette assortis. Et ce n'est pas du côté des décors qu'il faudra espérer trouver des éléments permettant de rattraper cette débâcle intégrale, les scènes d'entrepôts étant une fois encore à l'honneur et laissant supposer un investissement équivalent au budget sandwich d'une production albanaise. Même incompétence chez le chorégraphe des combats. Diriger les cascades s'avère souvent délicat, on le sait, mais pour une personne qui a le talent dans les baskets, et en plus chausse du deux, l'entreprise devient carrément suicidaire. Quoique, avant d'accabler qui que ce soit, il serait plus sérieux de se demander si ce n'est pas les gamins eux mêmes qui ont improvisés leurs bastons, celles-ci ayant tout l'air d'un vague jeu de récré d'une maternelle pour élèves en échec scolaire. Acteurs s'affalant face contre sol, terrassés par des mandales portées à dix centimètres de leurs visages, cabrioles frisant le zéro pointé en cours de GRS… on est plus proche du ballet expérimental que de la chorégraphie léchée. Et que dire des effets spéciaux fait à même la pellicule, quand bien sûr on a pensé à les rajouter après coup, ainsi que des différents éléments sonores, tels des bruitages grossiers ou une musique criarde, qui aura tôt fait de rentrer dans vos crânes pour y causer des dégâts irréversibles. Un bien beau condensé de médiocrité en somme, qui achève le public lors de ce combat final où nos cinq marmots en Spandex livrent bataille contre le ridicule Exxor dans un feu d'artifice de calamité palpable.


Plus fort que l'acier contre la vision à rayons X : les coussins bleus à pois blancs.

Des trucages dantesques.


S'ajoutant comme une pièce à conviction supplémentaire à une culpabilité déjà évidente, le doublage se révèle tout aussi laborieux. Il faut entendre les doubleurs piailler, geindre, hurler à la mort du mieux qu'ils peuvent, pour mesurer l'ampleur des dommages et constater avec angoisse que leurs prestations ne font qu'appuyer encore le niveau de médiocrité des comédiens qu'ils incarnent. Venant parachever des blagues lamentables, les doubleurs français offrent ainsi une sorte de plus-value nanarde à l’ensemble, accordant vraisemblablement une place importante à l'improvisation au vu de certains temps de latence proprement hypnotiques, où les personnages ressassent la même réplique plusieurs secondes afin sans doute de chercher la suivante. Pour ce qui est des timbres de voix, les mouflets sont doublés par des adultes prenant des voix de faussets irritantes au possible. Pour les autres intervenants, le constat n'est pas moins déplorable et nous aurons droit en vrac à des soldats imitateurs de Stallone ou un sbire colombien à l'accent outrageusement marqué. Un manque de sérieux évident qui amènera le spectateur à ne même plus être choqué lorsque certains personnages iront jusqu'à changer de voix au beau milieu d’une réplique.


Caramba, yé soui oune terroriste ! Yé vé tout faire sauter avé cette bomba.


Effarant dans tous les domaines et plus radical qu'une lobotomie, « Biokid's » s'approche à chaque instant du point de non-retour de l'imbécillité crasse avec une absence de complexes terrifiante. Enfanté dans le but de plaire à un public qu'on prend pour plus débile qu'il n'est, il s'avèrera une rude épreuve pour les bambins et risquera même de calciner quelques neurones chez les nanarophiles les plus coriaces. Ses outrances marquées à l'extrême, mais aussi son rythme parfois paresseux (une tare récurrente chez les œuvres de nos amis philippins) risquent donc de rebuter sur la longueur, gâchant un peu le charme vénéneux du film. Néanmoins, l'œuvre est à découvrir pour les grands enfants que nous sommes. A défaut de plaire au public visé, c'est déjà ça de pris pour un long-métrage qui, au vu du résultat final, n'en demandait probablement pas tant.
Par contre, soyez certains que nous nous dégageons de toute responsabilité si, à la suite du visionnage, il vous prenait l'envie à vous ou à vos enfants de mouliner des bras un casque sur la tête en chantant en boucle le générique du film : on vous aura prévenu.


Ouééée ! On est sur Nanarland, Youpi !



- Wolfwood -
Moyenne : 2.00 / 5
Wolfwood
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5
Nikita
NOTE
1/ 5
Labroche
NOTE
1.5/ 5
Mayonne
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
1.5/ 5
Rico
NOTE
1.5/ 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation
La lucidité des distributeurs français a empêché à ce film de connaître une grosse carrière dans nos vidéoclubs. Il faudra donc se contenter de la vieille cassette de chez New Family Vidéo, un des multiples labels de ces gredins d'Initial.


La VHS américaine.