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Belphegor le Fantôme du Louvre


Belphegor le Fantôme du Louvre

Titre original : Belphegor le Fantôme du Louvre

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Jean-Paul Salomé

Année : 2001

Nationalité : France

Durée : 1h37

Genre : Fantôme muséo-egyptien

Acteurs principaux :Sophie Marceau, Frédéric Diefenthal, Michel Serrault, Julie Christie

Rico
NOTE
2/ 5


On ne peut pas toujours se moquer des mêmes : de quelque obscur sous-Mad Max italien des années 80 ou de quelque sous-Rambo philippin avec des has been chassés de tous les plateaux de tournages respectables. Ce serait oublier un peu vite les grosses productions : gavées de brouzouffs jusqu'à la gueule, nanties d'acteurs talentueux, d'effets spéciaux high tech et de promos tapageuses, et qui, sur l'écran, se révèlent rapidement être des naufrages intellectuels et artistiques auxquels on assiste complètement effaré.
Ce genre de film de la honte, les Américains nous y avaient sérieusement habitués depuis quelques années, il suffit pour s'en convaincre qu'on se souvienne des deux derniers Batman (époque Schumacher) ou de Independence Day. Conscients de la nécessité de préserver à tout prix notre exception culturelle, nous autres Français avons fièrement décidé de produire nos propres bouses à cent millions de dollars, histoire de prouver au monde entier s'il en était besoin que nous n'avons besoin de personne pour nous ridiculiser avec une caméra. Pour mémoire, je rappellerai seulement quelques titres : "Astérix et Obélix contre César", "Les Visiteurs en Amérique", "Absolument Fabuleux", "Peut-Etre" (le Klapish avec Belmondo et Paris dans les sables) ou encore "Amazone" (mais si, le film de de Broca avec Belmondo - décidément dans tous les bons coups ces derniers temps - Arielle Dombasle et une petite fille extraterrestre... souvenez vous, en 2000... il a coûté plusieurs dizaines de millions de francs, fait moins de 10 000 entrées et disparu au bout d'une semaine... alors ça y est, vous voyez de quoi je parle ? non ? c'est pas grave, de toute façon personne ne l'a vu, alors...).


Belphégor c'est ça... en encore plus ridicule (je suis quand même mauvaise langue, le film a fait des entrées, ce qui artistiquement ne prouve rien : souvenons-nous de la trilogie Taxi). Et pourtant, ils auraient dû se méfier dès le départ, car s'il y a un genre cinématographique qui porte malheur, c'est bien l'adaptation ciné de séries télé des années 60. Les exemples sont légions, quelques-uns sont d'ailleurs chroniqués sur Nanarland, souvenons-nous ensemble : "Wild Wild West"(James West musclé comme un cintre qui fait du rap) , "Chapeau melon et bottes de cuir" (le cauchemar...), "Mission : Impossible 2" (ils ont lobotomisé John Woo), "Lost in space" (dans l'espace personne ne vous entendra ronfler), "Le Saint" (probablement le film le plus chiant de l'histoire du cinéma), bref que du bonheur... C'est vous dire si faire la même chose avec nos gloires de l'ORTF ne s'imposait pas !


Sauvons le patrimoine: arrêtons de le remaker n'importe comment !


Et pourtant, une poignée de producteurs inconscients ont tenté l'aventure, persuadés de tenir LA super bonne idée. On imagine ici le brain storming d'enfer :
" - Bon les enfants, il nous faut un méga succès populaire des années 60. Un truc qui parle à tout le monde et qu'on va moderniser à coup de millions et d'effets spéciaux !
- Je sais, "Polly à Venise" avec un poney en image de synthèse...
- "Les Brigades du tigre" avec Samy Nacery et des cascades de Rémi Julienne en De Dion-Bouton !
- "Belle et Sébastien" mais on remplace le chien par la bête du "Pacte des Loups" !
- "Vidocq" avec Depardieu et un budget faramineux et on le confie à un type qu'a jamais touché une caméra de sa vie mais qui a fait les effets spéciaux foireux d'Astérix...
- C'est pas mal ça, mais y a déjà Farrugia sur le coup... non j'ai mieux : Belphégor avec Sophie Marceau...
- Patron, vous êtes génial... Allez, faites tourner le oinj".

Le feuilleton original, avec Juliette Gréco et Yves Rénier (oui, le commissaire Moulin tout jeunot) datait donc des années 60. Je ne sais pas si vous l'avez vu ou si vous vous en souvenez, mais à la revoyure, il accuse sérieusement son âge, surtout si on le compare aux séries anglaises de la même époque. Une action trépidante comme un inspecteur Derrick, un scénar assez confus voire complètement incohérent et des acteurs très théâtraux. Néanmoins, pour peu qu'on accepte de rentrer dans l'histoire, il a un certain charme un peu vieillot magnifié par un noir et blanc qui rajoute du mystère lors des apparitions du fantôme dans les salles désertes du Louvre. Le nouveau réalisateur, conscient des limites du matériau initial, a logiquement décidé de rajouter de la fesse et des effets spéciaux pour faire bonne mesure.


L'original. Toute la France frissonnait...


Le résultat de tout cela, c'est un film navrant, mais qui, vu sous l'œil nanardesque, se révèle très involontairement comique : ça commence pourtant plutôt bien avec un prologue très 1900 qui n'est pas sans rappeler Dracula : des égyptologues sortent une momie d'un tombeau et la ramènent en France sur un bateau. A bord, les marins commencent à disparaître les uns après les autres et l'égyptologue en chef devient fou avant de se mettre à vieillir d'un coup (puis le bateau attiré par des naufrageurs va s'encastrer dans une falaise où le cheval du diable... Ah non excusez-moi, ça c'est "Il était une fois le diable").


Un bref instant de grâce, le sourire malicieux de Sophie. Profitez-en, après elle va se mettre à jouer n'importe comment...


Quelques années plus tard, les conservateurs du Louvre exhument la momie des réserves du musée pour en faire une autopsie. Et là, patatras, le fantôme de la momie se lève, traverse la pièce, rentre dans une prise de courant et se barre en faisant un court-circuit général. Il ressort dans un grand appartement en face du Louvre (bonjour le prix du loyer) où habite, j'vous le donne en mille, notre Sophie Marceau nationale, et décide de la posséder. Mais non bande de vicieux, dans le sens "possession démoniaque" !


La science avance, le cinéma recule...


Entre-temps, à cause du court-circuit, Sophie a appelé un électricien qui n'est autre que Frédéric Diefenthal. Alors là, faut qu'on s'arrête une minute sur ce personnage, ramassis des pires poncifs sur le jeune mec sympa, que même les productions A.B. n'osent plus utiliser. L'électricien se déplace donc en vieille camionnette toute pourrie, fait crédit à ses jolies clientes même quand elles habitent un duplex de 200 m carrés avec vue sur le Louvre, est toujours super disponible et super gentil, mais ne compte pas faire ça toute sa vie parce qu'en fait, le soir, il joue dans un groupe de rock bien ringue et propre sur lui. Ajoutez à cela que Frédo ne croit pas une seule seconde à son rôle et se contente la plupart du temps de reprendre ses airs ahuris de Taxi 2.


Fredéric Diefenthal, champion de France de l'air niais depuis la mort de Paul Préboist.


Et il a de quoi être ahuri, parce qu'en face, il y a Sophie Marceau en roue libre. Comme elle est possédée, elle agit bizarrement : elle a des absences, change tout le temps d'humeur, raconte des trucs incompréhensibles (enfin bref, elle agit comme Sophie Marceau dans la vraie vie quoi !). Le réalisateur, incapable de la diriger correctement, la laisse faire tout ce qu'elle veut, ce qui est assez redoutable quand on connaît son jeu d'actrice.




So-so en free style


Le résultat est un festival Sophie Marceau qui permet d'apprécier pourquoi elle est classée comme l'actrice nanarde par excellence. Sur-jeu systématique, grands airs exaspérés, accès de colère comme on en avait plus revu depuis La Boum, tout ce pour quoi on l'aime... D'autant que, bonne fille, sentant que l'attention du spectateur commence à décliner devant le peu d'intérêt du métrage, elle en profite pour se dessaper de temps à autre...


Le réalisateur: "Sophie, fais quelque chose, les gens s'en vont du ciné !"


Pendant ce temps au Louvre, le mystère rôde... une mystérieuse silhouette noire fait peur aux gardiens et dérobe des objets funéraires égyptiens, indispensables nous dit l'égyptologue de service pour que les âmes des morts puissent rejoindre le paradis. Si on ajoute que l'autopsie de la momie révèle que celle-ci a été préparée de manière à ce que l'âme soit piégée dans le monde des vivants sans jamais trouver le repos, on se dit au bout de vingt minutes que même un gamin de quatre ans résoudrait l'histoire. Les héros mettront 1h30.
Pour enquêter là-dessus, débarque Michel Serrault. Et là on sent bien que, malgré tout son talent, il y croit encore moins que Diefenthal. L'acteur nous débite du sous-Audiard tout en prenant des airs excédés face aux tentatives des gardiens pour attraper le fantôme. En effet, ayant enquêté dans les années 60 sur les premières apparitions de Belphégor (seule idée du film, des flash-back en noir et blanc qui semblent tout droit tirés du feuilleton original), il s'est aperçu qu'un des gardiens avait été possédé, s'était mis à voler les objets funéraires précités puis, au moment d'être capturé, s'était transformé en vieux cadavre semi-momifié.


"Oh ben Sophie, si tu veux des cours de cabotinage t'as qu'à me demander, je suis un expert pour ça !"


On assiste donc, affligé, à l'enquête sous valium de Serrault et Diefenthal qui se demandent ce que Sophie Marceau fait au Louvre à pousser des soupirs, à réciter la légende d'Osiris en égyptien ancien, à faire peur aux enfants (véridique) et à rôder autour des vitrines d'objets funéraires. Autant dire qu'on se sent soulagé quand à la fin ils finissent par refiler les objets au fantôme et lui dire de se barrer parce que bon, c'est bien gentil de jouer avec Sophie mais elle a assez foutu la honte au cinéma français pour cette fois...


"Sammy, un fantôme..."


Bref vous l'avez compris, "Belphégor" est un naveton qui vaut à peine 1 sur 5 mais qui bénéficie du jeu halluciné de notre Sophie Marceau nationale, la performance de l'actrice justifiant à elle seule l'intégration de cette grosse ringardise dans le cadre de Nanarland. Ce qui est fou, c'est que d'après son compagnon, le réalisateur Andrzej Zulawski, "elle a même refusé un Oliver Stone pour tourner Belphégor" [interview in Télérama 2621, avril 2000]. SOPHIE ON T'AIME ! MAIS PAR PITIE CHOISIS DES REALISATEURS QUI SAVENT T'EMPECHER DE TE RIDICULISER EN PUBLIC ! ! ! ! !


Jean-Paul Salomé donnant des indications de jeu à Sophie: "Bon là tu fais ce que tu veux, comme tu le sens, de toute façon tu es géniale..."



- Rico -
Moyenne : 1.12 / 5
Rico
NOTE
2/ 5
Mayonne
NOTE
1/ 5
Nikita
NOTE
2/ 5
Labroche
NOTE
1/ 5
Peter Wonkley
NOTE
1/ 5
Wallflowers
NOTE
1.5/ 5
Drexl
NOTE
1/ 5
Barracuda
NOTE
0.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
1/ 5
Hermanniwy
NOTE
0.2/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation
Un bon gros DVD collector de chez "Studiocanal" existe, avec pleins de bonus publicitaires qui puent l’autopromo déguisée en pseudo making of. Depuis Jean-Paul Salopé… pardon Salomé, a continué son œuvre de démolition du patrimoine en tournant un "Arsène Lupin" avec Romain Duris, semble-t-il à peine meilleur d’après mes petits camarades du comité de visionnage de Nanarland. Je dois tout de même avouer que pour l'instant je n’ai pas eu le courage d’aller le voir, par conséquent je m'abstiendrai donc de réclamer la tête du réalisateur sur un plateau d’argent…


Le DVD chinois ! Sophie fait vendre quand même...