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Les Aventures d'Hercule

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Les Aventures d'Hercule

Titre original :Le Avventure dell'incredibile Ercole

Titre(s) alternatif(s) :Hercules II, The Adventures of Hercules, Hercule l'Invincible

Réalisateur(s) :Luigi Cozzi (alias Lewis Coates)

Producteur(s) :Menahem Golan

Année : 1985

Nationalité : Italie / Etats-Unis

Durée : 1h28

Genre : Gonflette et carton-pâte

Acteurs principaux :Lou Ferrigno, Venantino Venantini, William Berger, Milly Carlucci, Sonia Viviani, Eva Robin’s

Nikita
NOTE
3.5/ 5


L'affiche pakistanaise.


De deux choses l’une : soit Lou Ferrigno ne lisait pas les contrats qu’il signait pour tourner des films, soit le producteur Menahem Golan les rédigeait de manière particulièrement rusée (je penche pour la deuxième solution). Le film qui fait l’objet de cette chronique est en effet issu d’une fameuse arnaque du patron de la Cannon aux dépens de l’ancien interprète de la série « Hulk ». Engagé pour tourner deux péplums en Italie aux débuts des années 80, « Les Sept gladiateurs » de Bruno Mattei et « Hercule » de Luigi Cozzi, Ferrigno se trouva finalement embarqué pour tourner trois films pour le prix de deux. Peu satisfaits des « Sept gladiateurs », les producteurs demandèrent en effet à Luigi Cozzi (voir l’interview que ce dernier nous a accordée) de retourner des scènes du film de Mattei puis, dans la foulée et pendant qu’on y était, de tourner un deuxième Hercule ! Lou Ferrigno ne fut donc pas payé pour ce nouvel opus des aventures du héros mythologique ; cela ne serait que pittoresque – et malhonnête – si ce film avait été une réussite, mais l’affaire atteint des proportions dantesques si l’on considère qu’il s’agit de l’un des plus gros nanars jamais tournés durant les années 80, surpassant en ridicule le premier film de Cozzi !

Une invocation nanarde.

Hercule, le shérif de l'espace !


Luigi Cozzi, caché sous son pseudonyme habituel de Lewis Coates, se déchaîne dès le générique en nous servant un medley des meilleurs moments du premier « Hercule » : comprendre des passages les plus ridicules. Nous (re)voyons ainsi Ferrigno se colleter avec des robots en fer blanc plaqué or, animés image par image. D’emblée, le spectateur qui n’aurait pas vu le premier subit en condensé un véritable choc esthétique doublé, pour peu qu’il soit amateur de mythologie grecque, d’une attaque d’apoplexie. Car, rappelons-le, Cozzi ne suit aucunement le récit traditionnel, si ce n’est au énième degré, et nous sert au contraire un mauvais gloubiboulga d’heroïc-fantasy, assaisonné de couleurs kitsch (on se croirait parfois dans un vieux clip disco !) et d’effets spéciaux dignes de Bioman.

La connection nanaro-italienne du casting :

 

Dans le rôle de Zeus : Claudio Cassinelli qui joue aussi dans 2072 les mercenaires du futur.

Aphrodite est incarnée par Margit Evelyn Newton également premier rôle dans Virus Cannibale.


Athéna, jouée par Carla Ferrigno, femme de Lou Ferrigno.


Sonia Viviani dans le rôle de Glaucia. Elle a joué dans l'Avion de l'Apocalypse.


Dans un petit rôle, celui d'Ilia : Cindy Leadbetter qui est présente aussi dans Starcrash.
Maria Rosaria Omaggio est la déesse Héra, mais elle joue aussi dans l'Avion de l'Apocalypse.Arachné est interprétée par Pamela Prati. Egalement actrice dans La Guerre du Fer.


Selon le réalisateur, le scénario du film fut en grande partie improvisé. Autant dire que cela se ressent à la vision du film, qui va d’un épisode de dix minutes à un autre dans une joyeuse incohérence digne d’un mauvais jeu de rôles. Le succès du film réside paradoxalement dans son parfait n’importe quoi : là où le premier « Hercule » commençait en fanfare pour finir par subir de grosse longueurs dans sa deuxième partie, « Les Aventures d’Hercule » ne laisse littéralement pas le temps de souffler au spectateur, enfilant les morceaux de bravoures comme autant de perles.

 


Du vert !



Du jaune !


Du bleu !


Du violet !


L'histoire est assez simpliste : on a volé les sept éclairs de Zeus et ce dernier envoie notre demi-dieu préféré pour les récupérer. Ce sont les autres dieux qui, rebelles au pouvoir de Zeus, ont fait le larcin et caché les éclairs aux quatre coins de la Terre. Pendant ce temps (eh oui, comme c'est le 2, il y a double intrigue), un dangereux sorcier sacrifie toutes les filles de son village pour amadouer une créature de dessin animé. J’ai bien dit de dessin animé, car la bestiole qui nous est proposée n’est ni plus ni moins que la reproduction, assez fidèle, de la créature électrique de « Planète interdite ». Les effets spéciaux sont du même niveau, à ceci près que nous ne sommes plus dans les années 50… Les deux dernières filles du village demandent de l'aide à notre héros barbu, qui va péter la gueule des malfaisants avec ses biceps d’éléphant nourri à la créatine.


Des décors montés de toutes pièces ?


Que Nenni ! Il s'agit du Parco dei Mostri (le Parc des Monstres) à Bomarzo, en Italie.
Et il ne faut pas marcher sur la pelouse du parc, sale monstre en forme de crotte !


Pendant ce temps, la comploteuse Dédale (jouée par Eva Robin’s) ressuscite le Roi Minos, méchant du premier épisode (l’acteur William Berger traînait sans doute encore sur le plateau) qui va vouloir détrôner les dieux et se venger de notre héros.


Dédale.


Le Roi Minos qui crache des lasers carrés avec ses yeux.

Tout cela n’est qu’un prétexte à une succession d’effets spéciaux qu’on pourrait qualifier d’artisanaux si l’on ne craignait d’offenser les artisans, de combats chorégraphiés par un troisième assistant stagiaire démotivé et d’affrontements avec des créatures en plastique qui feraient mourir de honte Ray Harryhausen. En guise de péplum post-moderne, nous avons droit à une pelletée de scènes du type "3 figurants", "mêmes lieux mais sous un autre angle", "forêt, carrière & usine désaffectée". Vous pourrez notamment y admirer Lou Ferrigno se battant avec des hommes de boue mal maquillés, ou se transformant en spermatozoïde marin après avoir avalé une frite magique (oui, je sais… mais il faut voir la scène pour comprendre !).

La gorgonne, véritable crachat à la figure de Phil Tippet et Ray Harryhausen réunis.

Gorgone qui avait un corps de scorpion... mais on n'est plus à une approximation près.

Regardez ces statues de pierre plus vraies que nature.


Le film ne serait cependant rien, si les acteurs n’étaient pas à l’avenant : tout le monde rivalise de cabotinage, à commencer par William Berger, qui semble s’amuser comme un fou à jouer les méchants de carnaval. Lou Ferrigno partage la vedette avec deux poupées Barbie italiennes (dont l'une, Milly Carlucci, devint par la suite une vedette de la télé) vêtues de costumes affriolants. Affublés de tenues de Mardi-gras aux couleurs pimpantes et de maquillages pailletés ou multicolores, les comédiens semblent davantage sortis d’un nouveau « Rocky Horror Picture Show » que d’une mythologie grecque, même revisitée.


Hercule empêche la Lune de percuter la Terre, 36 ans avant que Roland Emmerich ne lui pique l'idée.

Venantino Venantini, un grand prêtre magistral !


Mais la véritable clé de voûte du film, c’est Lou Ferrigno. Ce brave Lou, pour ceux qui en douteraient encore, est sans aucun doute l’un des pires acteurs au monde quand il s’agit de jouer un autre rôle que celui de l’incroyable Hulk. Bovin, le regard accablé, le visage figé par une violente paralysie faciale, Lou Ferrigno ressemble à un énorme quartier de viande qui se baladerait devant la caméra avec la légèreté d’un hippopotame en pleine digestion.


Notre héros ramasse un éclair de Zeus.


Toute les capacités expressives de notre homme semblent concentrées dans sa musculature hypertrophiée : Ferrigno est sans doute le seul acteur au monde capable de cligner des pectoraux comme d’autres cligneraient de l’oeil ! (encore une fois, il faut le voir pour comprendre) Le corps invariablement oint d’huile, notre héros continue de lancer des reflets luisants dans une scène où il est censé se trouver sous l’océan ! A croire qu’il secrète naturellement de l’huile…


Incroyable ! Disney n'avait pas inventé le Hercule en dessin animé !


« Les Aventures d'Hercule » ressemble un peu à une boîte à double, triple, voire quadruple fond : à chaque fois que l'on croit avoir atteint les limites du ridicule, un nouveau passage anthologique vient nous terrasser. Le film aligne les morceaux de bravoure, pour s’achever en véritable apothéose : sans doute désireux de terminer sa super-production par un feu d’artifice d’effets spéciaux, Cozzi nous gratifie d’un combat dans l’espace entre notre héros et l’affreux Minos, où chacun s’affrontera à coups de pouvoirs cosmiques, pour se transformer au final en personnage de dessins animés que l’on croirait datés de 1925 ! Le noeud du problème était que, du fait des conditions particulières de tournage, Lou Ferrigno n'était pas disponible pour la mise en boîte des scènes finales : d'où cette astucieuse trouvaille pour terminer le film en l'absence de l'acteur principal, tout en mettant en scène son personnage... Le tréfonds du fond est atteint lorsque le Minos de dessin animé se transforme en dinosaure géant (toujours animé) et notre demi-dieu favori… en gorille ! Les deux créatures s’empoignent alors dans l’espace, en une sorte de mauvais remake de « King Kong contre Godzilla » que l’on croirait animé par un animateur de quinzième ordre, qui aurait été licencié de chez Hannah & Barbera pour incompétence chronique ! [NDLR : En fait il s'agit d'une repompe totale de la scène de combat entre le T-Rex et King Kong dans le film de 1933. La preuve en image]






Bien qu’étant assez méconnu, « Les Aventures d’Hercule » est un nanar de la plus belle eau, plus réussi sous bien des aspects que le premier épisode, et chaudement recommandé à tous les amateurs d’effets spéciaux approximatifs, de couleurs criardes, de décors en papier mâché, de scénarios foutraques, de potiches dénudées et de gros muscles luisants ! Et un grand bravo à Lou Ferrigno, qui accomplit le treizième des travaux d’Hercule : nanardiser tout millimètre de pellicule où il apparaît ! Gloire à l'Olympe ! Que l'on sacrifie dix chevreaux en l'honneur de ce Dieu du nanar !

Pour la chronique de mes premières aventures, c'est par ici.

- Nikita -
Moyenne : 3.58 / 5
Nikita
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
4/ 5
Wallflowers
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Rappelons l'existence d'un double DVD zone 1 ou 2 "MGM" voir d'un Blu ray réunissant les 2 Hercule et Sinbad. Comme seul le zone 1 est nanti de sous-titres français, le choix va être cornélien.


Oh ! Un DVD double feature avec les deux films de Cozzi ! 


Oh, un triple Blu ray qui déchire ! Qui a dit "Il le fooooo" ?


A défaut, on pourra se mettre en chasse des 2 éditions vidéo de chez "UGC" ou celle de chez "VidéoFilm". Mais là il faudra que les Dieux de l'Olympe vous soient très favorables.

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