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L'Arrière-train sifflera trois fois


L'Arrière-train sifflera trois fois

Titre original : L'Arrière-train sifflera trois fois

Titre(s) alternatif(s) :Lucky Lucky et les Daltines

Réalisateur(s) :Jean-Marie Pallardy

Année : 1975

Nationalité : France

Durée : 1h28

Genre : Western paillard

Acteurs principaux :Jean-Marie Pallardy, Jean Luisi, Jacques Insermini, Joëlle Cœur, Evelyne Scott, Willeke van Ammelrooy, Véra Valmont, Alice Arno, Patricia Monnet, Martine Azencot

Drexl
NOTE
1.75/ 5

Dans un village typique du Far West, dont nous ne connaîtrons jamais le nom, les cow-boys ont grand mal à épancher leur soif d'alcool et de sexe expéditif avec la charnue Lulu (Alice Arno), l'unique et méritoire prostituée du coin. La très bigote Maureen O'Lala (Véra Valmont) leur impose en effet sa discipline de fer, traquant le moindre contrevenant à ses strictes règles. C'est alors qu'arrive l'intrépide nouveau tenancier du saloon, John Keykett (« Mais John ça suffit »), qui entend bien imposer sa propre loi, reposant sur deux sacrements fondamentaux : sexe et alcool.




Le fringuant John Keykett (Jean-Marie Pallardy).





Ses employés, Billy Le Bid (Jean Luisi)…





…et Lulu (Alice Arno).

Très vite, John se rend compte qu'il lui faut d'autres recrues féminines pour calmer l'excitation de ses clients. Il tente de débaucher l'institutrice redoutée du village, la charmante Lucky Lucky (interprétée par Willeke van Ammelrooy, muse et compagne du cinéaste, bénéficiant de fait d'un traitement iconique à part), mais celle-ci le chasse de ses terres. Lorsque Lulu finit par craquer, John n'a plus qu'une seule solution : faire appel aux services lascifs des filles de Joe Dalton, les sœurs Daltines. Mais Lucky Lucky prépare déjà sa contre-attaque, « pour la cause ».






La redoutable Lucky Lucky (Willeke van Ammelrooy).



Une des peu farouches sœurs Daltines.

Comme en témoignent très vite la décontraction ambiante et l'apparent foutoir des scènes de groupe – et ce dès les premières minutes – nous sommes ici dans le versant le plus solaire de la filmographie de Jean-Marie Pallardy. De la comédie paillarde, complaisamment vulgaire, mais qui s'étoffe dans le même temps d'une atmosphère bon enfant au charme délicieusement suranné. Le réalisateur se fait clairement plaisir, réinterprète, avec l'audace de ceux qui ne se soucient pas du lendemain, les codes d'un genre (le western, donc) qu'il aime tant. Une petite attaque de diligence par-ci, un duel au soleil par-là, le tout avec un sens très instinctif du cadrage.


Pendant que Lucky Lucky fait le coup de feu...



...Jean-Marie Pallardy fait le coup de poing avec les Indiens.







Enfin quand je dis « Indiens »...

Soyons clairs, L'Arrière-train sifflera trois fois est, selon la formule convenue, un objet d'un autre temps, une aberration narrative où le récit avance au petit bonheur la chance – voir à ce titre la scène pivot donnant son titre au film, où la pauvre Lulu tire momentanément sa révérence au gré d'une séquence relativement hallucinante – en partie grâce à son doublage chaotique.




Un film avec des gags !



L'arrière-train qui sifflera trois fois.

L'Arrière-train sifflera trois fois offre l'essentiel de son plaisir coupable dans l'improbabilité de ses situations, dans leur traitement ouvertement désinvolte, donnant souvent lieu à quelques petites perles typiquement pallardiennes (l'addictif morceau d'intro et ses « Ohio-ho-ho », le sublime « Je crois que j'en suis convaincu », le combo d'anachronismes de la scène chez le juge, le cow-boy noir musulman…). Mais malgré son charme certain, le film reste quand même un opus mineur dans la filmographie de son réalisateur.








Duel au soleil entre John Keykett et Lucky Lucky.

Plombé par un rythme claudiquant, le film ne peut prétendre figurer au panthéon des œuvres clé de son auteur, en dépit de l'aura culte, légitime, entourant son titre. Il est cependant révélateur de l'âge d'or que connut alors Pallardy, libre de tourner ce qu'il voulait, ouvertement jouisseur et en même temps amoureux transi de sa Willeke, et, c'est là l'essentiel, décomplexé artistiquement.

- Drexl -
Moyenne : 1.45 / 5
Drexl
NOTE
1.75/ 5
John Nada
NOTE
2.5/ 5
MrKlaus
NOTE
1.5/ 5
Kobal
NOTE
0.75/ 5
Rico
NOTE
0.75/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation


L'éditeur Le Chat qui Fume a accompli un travail de restauration, allez, disons-le, remarquable pour l'ensemble de la collection. Comme expliqué dans le bonus Le Journal d'une Restauration, le processus a été assez périlleux : après avoir numérisé toutes les copies d'un même film, il a fallu 1/ faire le tri entre les versions érotiques et les versions hard, 2/ gérer tous les problèmes de copies souvent issues de plusieurs chutes de pellicules, comme des bandes noires pas droites (d'où des recadrages parfois assez hardcore !), des couleurs délavées, des bandes-son désastreuses, des restes de scotch, témoins de la précipitation du montage… Et on en passe. Un travail de longue haleine, dont on savoure le résultat en tirant chapeau bas aux félins clopeurs.


Sur L'Arrière-train sifflera trois fois, l'image est un peu tremblotante pendant le générique de début, mais laisse vite place à une résolution des plus correctes ; à la regrettable exception des scènes nocturnes, aux limites du lisible – mais c'est a priori plus dû à la sous-exposition desdites scènes pendant le tournage qu'au travail de l'éditeur. À signaler par ailleurs que la copie proposée est un doublage français d'origine des plus approximatifs – les dialogues ne correspondent quasiment jamais aux mouvements des lèvres, certaines répliques étant même déclamées alors que les personnages ne parlent pas.


En bonus, on peut trouver un entretien d'une heure avec le réalisateur, Le journal érotique de Jean-Marie Pallardy. L'interview est filmée en plan fixe, dans un décor rococo, émaillée d'extraits "sulfureux" donnant furieusement envie au fan hardcore de s'envoyer l'intégralité de sa filmo dans la foulée. Le réalisateur y revient brièvement sur ses origines (pas vraiment la période de sa vie sur laquelle il est le plus disert…), ses débuts au cinéma, les conditions de tournage épicuriennes de ses œuvres érotiques, ses diverses collaborations, ses démêlés avec la censure. Le tout avec une verve typiquement pallardienne : une lecture totalement premier degré de sa filmographie, réfutant toute tentative d'analyse (voir comment le pauvre interviewer est rudoyé en fin d'entretien !), n'admettant ses fautes qu'à demi-mot (notamment sur le traitement, pas toujours très correct, de ses actrices), tout en assumant coûte que coûte ses œuvres. Son unique regret reste de n'avoir pas su demander plus d'argent à ses producteurs pour que ses films soient de meilleure facture… L'entretien ne couvre que le volet érotique de sa filmographie, et passe malheureusement outre ses films plus "traditionnels".


Outre Le journal érotique de Jean-Marie Pallardy et Le Journal d'une Restauration, cette édition DVD concoctée par Le Chat qui Fume propose également les 10 bandes-annonces de la collection Pallardy (qui ne sont malheureusement pas des bandes-annonces d'époque) ainsi qu'une galerie de cent photos issues de la collection privée du réalisateur.