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Les Amazones font l'Amour et la Guerre


Les Amazones font l'Amour et la Guerre

Titre original :Le Amazzoni donne d'amore e di guerra

Titre(s) alternatif(s) :Les Amazones, filles pour l'amour et pour la guerre, Battle of the Amazons

Réalisateur(s) :Alfonso Brescia, (sous le pseudo de Al Bradley)

Année : 1973

Nationalité : Italie / Espagne

Durée : 1h40

Genre : Amazone de non-droit

Acteurs principaux :Lincoln Tate, Paola Tedesco, Lucretia Love, Solvi Stubing

Nikita
NOTE
2.25/ 5



Cinecittà, début des années 1970 :

- "Bon, les gars, le western spaghetti, ça marche plus trop en ce moment, y’a « Des clopinettes pour Trinita » qui s’est méchamment gaufré au box-office…
- Et si on refaisait du péplum ? Y’a pas de raison que la mode ne revienne pas…
- Ouais, mais c’est un peu naïf comme genre de films, de nos jours les gens veulent du craspec, du cul et du mollard… Heu, qu’est-ce qui marche, en ce moment ?
- Les films érotiques, chef !
- Bon, y’a pas d’lézard, on va leur faire un péplum avec un peu de nichons, ça va leur plaire !
- Génial, chef !
- Ouais, et appelez-moi le gagman de Terence Hill et Bud Spencer, on va rajouter un peu d’humour raffiné, ça devrait le faire."


Voilà à peu près le dialogue qui a dû préluder à la genèse des « Amazones font l’amour et la guerre », stupéfiante zèderie italienne tournée avec des rogatons de budget, trois starlettes permanentées et quatre seconds couteaux payés en bouteilles de grappa. Ni fait, ni à faire, le film naquit en réalité d’un contexte à peine moins caricatural que ce qui a été décrit plus haut : Terence Young tournait alors en Italie « Les Amazones », film à budget respectable qui était censé relancer le genre. Des malins se dépêchèrent alors de tourner cette perle, et de la sortir avant l’original, pour profiter du battage publicitaire. Le résultat étant d’ailleurs que le film de Terence Young dut sortir en Italie sous un autre titre (littéralement, « Les Guerrières aux seins nus », ben ouais, qu’est-ce que vous voulez…).



Bon, et alors, ces « Amazones font l’amour et la guerre », qu’est-ce que ça donne, me demanderez-vous, haletants ? Hé bien c’est du bon gros nanar d’époque : le genre de film qui venait s’échouer sur les écrans des cinémas de quartier après avoir été vendu sur les marchés du film, en pack de trois avec « Education sexuelle à Copenhague » et « Les Niakoués ont la niaque ». Réalisé avec les pieds et joué par une escouade de manches, ce Grand Oeuvre contribue à ériger un monument à la gloire du non-talent d’Alfonso Brescia, alias Al Bradly, alias Al Bradley, opportuniste auteur de « Supermen contre Amazones », « La Bataille des étoiles » (un sous-guerre des étoiles tourné avec des jouets) et autres bisseries sans nom.


La Reine des Amazones (Lucretia Love, au centre) et ses farouches guerrières en chignon.



Visiblement tourné dans un coin de campagne romaine, le film nous entraîne dans une période imprécise de l’Antiquité : un temps obscur et farouche où le monde entier est peuplé de dix figurants dépenaillés qui vivent dans trois huttes construites à la va-vite par deux accessoiristes. Un village miséreux, peuplé de quinze péquenots, est opprimé par une horde farouche d’Amazones, composée d’au moins dix féroces guerrières. Ce n’est pas le choc des titans, c’est l’échauffourée des ivrognes !


Le QG de l’empire des Amazones ! Note de la production : penser à réutiliser cette carrière pour nos sous-Mad Max, c’est un décor qui a de l’avenir…



Ennemies des hommes, qu’elles n’utilisent que pour se reproduire, les Amazones vénèrent tout de même le dieu de la guerre Arès, divinité la plus macho de tout le Panthéon grec. Dans la mythologie hellène, les Amazones sont effectivement les filles d'Arès : visiblement, Brescia s'est rappelé des trois pages de l'Odyssée qu'il avait dû étudier en CM2... Mais baste, nous ne sommes pas là pour parler culture car l'heure est grave ! L’une des Amazones s’étant amourachée d’un brigand au grand cœur nommé Xéno, la coupable est mise à mort et son amant réduit en esclavage.


Xéno le héros (Lincoln Tate)


La perfide conseillère lesbienne de la Reine : « L’acte d’amour avec l’homme est un acte dégoûtant qui nous rend aussi faible qu’un roseau ! »


EFFET SPECIAL ! Ami spectateur, sauras-tu deviner comment ce trucage a été réalisé ?


« Collez-moi ce ringard en cours accéléré de comédie ! »



Xéno parvient à s’évader : aidé dans sa fuite par une jeune fille du village voisin, il lui jure de lui rendre la pareille. Ce qu’il ne va pas tarder à faire, puisque la jeunette revient bientôt le trouver pour que lui et ses congénères brigands apprennent aux paysans à se défendre contre les Amazones…


Le chef des brigands.


Du nerf, bande de moules, je vais vous apprendre la lutte nanarde !


Benito Stefanelli, également maître d’armes du film. Cet homme accuse un parcours des plus riches et variés puisqu’outre ses rôles dans « L’Homme Puma », « La Guerre du Fer », « Les Barbarians » et « White Fire » il apparut également dans des films de Sergio Leone.



Vous avez là les grandes lignes du récit, qui ne sera guère plus développé : car la particularité de ce film tourné à la vitesse grand V, c’est que son scénario (ils s’y sont pourtant mis à trois !) tient sur l’étiquette de la bouteille de chianti que les scénaristes ont vidée pour se donner du cœur à l’ouvrage. Le film collectionne en effet les scènes de remplissage, les digressions (lire : scènes égrillardes avec plans nichons à la clé) et les combats étirés au maximum pour remplir le métrage, au point de s’étirer comme un chewing-gun trop mâchouillé. C’est là le principal défaut du film : un manque de rythme assez sévère (surtout vers la fin), qui peut en rendre la vision lassante pour peu qu’on soit mal disposé. Or, paradoxalement, « Les Amazones font l’amour et la guerre » est le genre de nanar qui s’apprécie mieux seul qu’en groupe : ce n’est que dans une religieuse intimité que le nanardeur de bon goût pourra prendre le temps d’apprécier la stupéfiante ringardise de l’objet.


PLAN NICHON !


Ouéééé ! Le quota "scènes de lesbiennes" est respecté !



Acteur en état d’ébriété, étudiantes bolognaises déguisées en guerrières amazones, paysannes grecques permanentées, dialogues raffinés (« c’est agréable de s’endormir sur un téton, mouahaha ! »), humour gras-double, le film enfile les perles jusqu’à constituer un spectacle d’une nullité assez violente pour qui sait prendre le temps de s’attarder sur les détails. Avis aux amateurs : il y a un grand nombre de sauts en trampoline ! Le pompon du mauvais goût étant tout de même décroché par une musique atroce, recyclée de la BO d’un quelconque « Black Emmanuelle à Pétaouchnok » et qui accompagne les ébats et exploits des personnages jusqu’à rendre chèvre le spectateur le moins mélomane.

A noter que pour un film à la thématique relativement féministe, « Les Amazones… » se montre d’une goujaterie assez hallucinante : l’héroïne manque de se faire violer par les brigands complices de Xéno, puis leur fera confiance sans sourciller pendant le reste du récit. A croire que les tentatives de saillies à la hussarde forgent les liens d’amitié.


« Bon ok, pas de problème pour vous aider, mais on se paie en nature d’abord, ça vous va ? »


Carnaval chez les Amazones !



Le meilleur est encore à venir avec la bataille finale, qui se caractérise par deux détails assez intrigants : les guerrières amazones portent toutes des masques rituels (modèle « commedia dell’arte » en plastique, disponible pour 100 lires à la boutique du père Luigi) et la séquence est filmée dans une obscurité qui avoisine la bouillasse. Mais pourquoi donc, demanderez-vous ? (petits curieux !) Une observation attentive de la scène permet de le comprendre : les Amazones sont tout bonnement interprétées par des cascadeurs en perruque, qui espèrent que l’obscurité et les masques duperont le public. Peine perdue ! La musculature de ces messieurs (et les slips visibles dans certaines empoignades) ne laissent aucun doute au spectateur, qui, une fois le truc repéré, peut goûter la scène dans toute sa plénitude nanarde.



Au final, « Les Amazones font l’amour et la guerre », s’il n’approche pas la perfection frappadingue des œuvres d’un Bruno Mattei, est un produit assez représentatif du mauvais cinéma bis italien, plombé autant par son manque d’ambition que par des moyens proprement tiers-mondistes. Malgré des longueurs regrettables, il constitue une curiosité kitsch et trash, destinée davantage aux cinéphages endurcis qu’aux nanardeurs en herbe. Et puis, comment résister à un film qui nous offre autant de scènes d’équitation topless ?


Quoi de plus beau après l’amour que de chevaucher au ralenti dans la campagne, les nichons à l’air et les couilles à même la selle ?


« Les gars, j’ai l’impression qu’on joue dans un gros nanar, pas vous ? »


- Nikita -
Moyenne : 1.56 / 5
Nikita
NOTE
2.25/ 5
Kobal
NOTE
B.F./ 5
MrKlaus
NOTE
1.5/ 5
Rico
NOTE
0.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Encore une fois ce sont les Américains qui mettent en valeur ce pan méconnu de la culture européenne. Le petit éditeur "Eurovista", spécialisé dans "l'Euro-trash", a sorti sa version DVD multizone de "Battle of the Amazons", accompagnée de bandes-annonces et d'une galerie de photos. La version semble d'assez bonne qualité malgré le fait qu'il n'existe qu'une piste en anglais sans sous-titres.



En France, c'est régime VHS pour un titre pas facile à trouver car sorti uniquement dans une collection prestigieuse (pour les nanardeurs) : "les productions du tigre vidéo" grands fourgueurs de zèderies italiennes devant l'éternel ! (Virus Cannibale, La Guerre du Pétrole alias Lorna, la Lionne du Désert ou encore 4 Zizis au Garde-à-vous... )

Et pour terminer, deux versions britanniques du film particulièrement gratinées...