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Alerte dans le cosmos


Alerte dans le cosmos

Titre original :The Shape of Things to Come

Titre(s) alternatif(s) :Cosmos 2050

Réalisateur(s) :Georges McCowan

Année : 1979

Nationalité : Canada

Durée : 1h34

Genre : La Guerre des Tiers-Mondes

Acteurs principaux :Carol Lynley, Jack Palance, Barry Morse, Nicholas Campbell, Anne-Marie Martin, Mark Parr

Wolfwood
NOTE
2/ 5

La galaxie est peut-être immense, on doute parfois qu'elle puisse réussir à contenir tous les space opéras du pauvre qui ont germé à la suite de Star Wars. D'horizons divers, ces sous-produits ont rapidement saturé le marché pour ensuite sombrer dans les trous noirs de l'oubli. "Alerte dans le cosmos" fait évidemment partie de ces films de SF qui, à vouloir trop briller au firmament de la rentabilité mercatique, se sont retrouvés en orbite dans une galaxie de médiocrité.




Toute ressemblance avec une saga spatiale existante ou ayant existé...

Comme c'est parfois le cas, le film tente de s'accorder un semblant de légitimité en se voulant l'adaptation d'une œuvre célèbre. Après Jules Verne pour "Mystérieuse Planète", c'est au tour d'un livre d'H.G. Wells, "La vie future", d'être sacrifié sur l'autel du cinéma de bazar. Tout du moins, c'est ce que prétend l'affiche. Car la réécriture aidant, l'histoire choisie a été manifestement vidée de son contenu pour nous livrer un scénario dans le fond assez commun. Il nous raconte les périples d'un groupe de colons lunaires après que ces derniers aient quitté la Terre, suite à une énième guerre contre les robots. Vivant à présent dans la capitale de New Washington, nos citoyens sont un jour menacés par les actes terroristes d'Omouss, souverain de la planète Delta 3 qui, pour ne pas changer, a décidé de devenir l'empereur de la galaxie. Afin de mettre son plan à exécution, il espère bien faire plier le gouvernement lunaire en le menaçant d'arrêter l'approvisionnement de leur planète en Radic-Q2, médicament qui permet aux sélénites de survivre aux radiations. Ni une, ni deux, un groupe de héros se forme pour aller botter le train de notre despote sur ses terres, malgré les réticences des autorités en place (apparemment, lorsque vous êtes menacé par un fou dangereux, rien ne sert de prendre des mesures d'urgence, autant se laisser tuer sans réagir).


Omouss (Jack Palance), vilain, mais ça se comprend. Un nom de spécialité libanaise, c'est dur à porter…

Le script exposé n'étant pas à blâmer, c'est plus du côté des moyens mis en œuvre que nous détecterons la première faille dans la réussite du projet. Il est en effet toujours aussi surprenant de se rendre compte, qu'après avoir enfin réussi à voyager dans l'espace, on en soit retourné à l'âge de pierre en ce qui concerne l'informatique ou l'armement. Vrai festival de diodes clignotantes et de boutons qui font "sbuig" quand on appuie dessus, "Alerte dans le cosmos" nous surprend par la pauvreté de ses décors. Car passées quelques rares scènes filmées au dehors, l'action se déroulera toujours dans les mêmes lieux, tel une vulgaire sitcom, l'imposante citadelle d'Omouss se résumant à un bureau éclairé à la lampe torche et un malheureux couloir. Une misère d'autant plus frappante lorsqu'on compare les pièces avec les représentations extérieures des bâtiments - des maquettes et des matte painting dont la bonne tenue accentue douloureusement la misère des intérieurs.


Une jolie maquette de vaisseau…



…mais dedans, ça le fait beaucoup moins.



Non mais c'est pas possible, dites-moi qu'ils l'ont tourné dans une chambre d'hôtel cette scène...

Prenons maintenant le temps de parler des différents protagonistes. Les héros tout d'abord, sont au nombre de quatre. S'il y a peu de choses à dire sur le docteur Caball, hormis le fait qu'il joue le mec irradié comme s'il avait chopé la turista, les cas de Kim, Jason et du robot Sparc sont plus intéressants.


Le docteur Caball. Vague sosie de Patrice Laffont mais surtout chef de l'expédition.

La première marquera les esprits lors de la première attaque kamikaze : alors que la menace est clairement identifiée, c'est avec stupeur que nous admirerons le flegme de notre scientifique qui attendra pas moins de cinq bonnes minutes avant d'enclencher l'alerte, jaune en plus, et les 75 dernières secondes pour lancer le plan d'évacuation. Je veux bien qu'on me parle de tension dramatique mais faut pas pousser.


Cette inconsciente de Kim.

Vient ensuite le bon Jason, qui se veut être l'intrépide du lot, l'homme d'action, celui qui va mettre la tannée à Omouss et à ses sbires. Seulement voilà, au bout de l'heure trente de film, pas une fois notre héros ne se sera montré utile à quoique ce soit. C'est simple, il ne sert à rien, pas même à ouvrir une porte, et ferait passer Miles O'Keefe pour un modèle de courage et d'intrépidité. Cherchant à s'éclipser discrètement lors d'un combat décisif, notre héros ne trouvera son moment de bravoure qu'en ceinturant un enfant déguisé en buisson. Un manque de pugnacité parfaitement mis en valeur par l'interprète du rôle, Nicholas Campbell, qui traverse tout le film comme s'il était en visite guidée sur le plateau de tournage. Peut-être avait on dans l'idée qu'il serve de chevalier servant à la jolie scientifique du groupe. Mais comme à la fin du film il ne sera même pas fichu d'embrasser la demoiselle, ça en devient presque désespérant, au point qu'il arrive à se faire piquer la vedette par le cousin blagueur de R2-D2.


Jason, le roi de la glandouille.

Sparc joue en effet le rôle ingrat de sidekick du film, mais pas seulement, puisque conscient de l'incapacité de son acteur à faire quelque chose de ses dix doigts, le metteur en scène a eu la bonne d'idée d'offrir la scène de sauvetage du groupe à notre aspirateur sur pattes, celle-ci intervenant alors que ce couillon de Jason s'est fait kidnappé sans même avoir combattu.


L'acteur le plus convaincant du film (sans rire).

Pour les méchants, le bilan n'est pas moins calamiteux, notamment à cause des soldats d'Omouss. Ces robots ont déjà pour eux d'être totalement ridicules : il apparaît objectivement inconcevable qu'une personne normale puisse craindre ces sbires au look irrésistiblement pataud. Sans doute portés par des comédiens sans qu'on ait pris le temps de créer un espace pour leurs yeux, les quelques figurants sous ces costumes paraissent évoluer constamment à l'aveuglette dans des accoutrements trop lourds pour eux. Avec une telle troupe d'endimanchés, on a donc peine à croire que le brave Omouss soit parvenu ne serait-ce qu'à prendre d'assaut la cantine du complexe qu'il occupe. Alors vous pensez bien, réussir un coup d'état… Parlons-en d'ailleurs de notre tyran, car il est incarné par le has been Jack Palance, présenté en gros sur la jaquette mais qui doit apparaître dix minutes en tout à l'écran.


Amusé certes, n'empêche qu'on le sent un peu affligé sur le coup.

Figure mythique du cinéma hollywoodien, sa carrière devait quelque peu marquer le pas, voyant le bon Jack aligner les panouilles et se compromettre dans quelques métrages indignes de sa stature, tel "Les bannis de Gor", mais aussi en Italie. Apparemment embauché pour à peine une journée de tournage et jouant ses scènes dans un unique décor, Palance semble prendre son rôle par dessus la jambe, faisant osciller son jeu entre la prestation syndicale minimum et le cabotinage de rigueur. Pas vraiment mauvais, il n'est surtout pas aidé par un costume atrocement criard, laissant croire qu'il a été appelé à la rescousse sur le tournage alors qu'il était en plein bal masqué. Et pour ne pas trop enfoncer le clou, je ne vous parlerais pas de l'ingéniosité de son plan B une fois ses espoirs de conquête tombés à l'eau. Parce que vraiment, niveau idée foireuse, ça se pose là.








Allez Jack, Palance la sauce.

Devant cette somme de scories, le metteur en scène fait ce qu'il peut pour sauver son navire du naufrage. Malheureusement pour lui, ses maigres tentatives sont vite réduites à néant par des choix artistiques plutôt douteux, comme lorsque nos héros sont pris dans une tempête électromagnétique. Avec des moyens décents, cette scène aurait pu donner lieu à un passage épique mais pour le cas présent, c'est une autre histoire. Dans leurs cockpits, nos malheureux pilotes font bien ce qu'ils peuvent pour donner le change aux virevoltants mouvements de caméra de leur metteur en scène, en gesticulant dans tous les sens pour simuler des secousses, ou en mettant la tête en arrière pour faire croire à une vitesse accélérée : le résultat n'échappe pas au ridicule.




Thunder disco from outer space.

Néanmoins, le plus saugrenu de ces artifices de mise en scène interviendra quand deux de nos aventuriers se mettront à voyager au ralenti pour simuler l'altération du continuum espace temps, offrant à nos yeux ébahis un fabuleux numéro de danse avant-gardiste. Dans le même registre, on notera aussi ce bref passage en jeep passé en accéléré. Une technique classique, mais qui est utilisée ici sans aucune nuance, produisant son petit effet comique. Reste enfin les combats, très rares mais c'est compréhensible, vu la stupéfiante nullité qui se dégage de ces empoignades entre robots lents comme des tortues rongées d'arthrite et figurants tapant au petit bonheur la chance.




Un couvercle de poubelle et un bâton surmonté d'un pommeau de douche. Ou comment allier art de la récup' et lutte contre l'oppression.

Pourtant, malgré ses qualités nanarifiques, "Alerte dans le cosmos" peine à convaincre totalement, la faute à des scènes de remplissage peu subtiles. Ces instants de meublage peuvent néanmoins présenter un intérêt ponctuel, comme cette séquence où l'un de nos aventuriers met cinq bonnes minutes à trouver un cadavre à bord d'une station spatiale. Sur ce point, il n'y aurait rien à redire, sauf si la base en question n'était en fait un abri de jardin absolument vide. Autre astuce connue pour gagner du temps : faire discuter ses comédiens. Il n'y a évidemment pas d'exception à la règle ici, mais là encore, on peut y trouver matière à réjouissances quand nos protagonistes se mettent à débiter des barbarismes scientifico-abstraits pour nous la jouer ambiance futuriste. Des tirades qui prennent une dimension comique supplémentaire lorsque les personnages se prêteront à quelques fantaisies, nommant par exemple le vaisseau des héros… Star Strek.


"Dans ce vaste espace se trouve l'inconnu où toutes les possibilités existent. Le futur de l'homme n'est limité que par son imagination et sa vision des étoiles".
- Mais oui papy. Allez, un petit bouillon et au dodo...

Distribué à sa sortie par Film Ventures International, à qui l'on devra les productions de "La Mort au Large" ou "Combat Final", "Alerte dans le cosmos" reste de faible facture comparé à des classiques du genre. Néanmoins, et bien que plombé par quelques passages à vide, il n'en reste pas moins plaisant à suivre grâce à ses décors ultra cheap, ses dialogues sans queue ni tête et ses interprètes égarés, le tout orchestré par un réalisateur un peu à côté de son scaphandre. Pas de quoi crier au Saint Graal, mais tout de même suffisamment rigolo pour mériter d'être visionné. Reste donc une petite étoile faiblarde dans la vaste constellation du nanar de SF, mais qui vous donnera sûrement l'envie de partir à la découverte d'autres astres nanars, luisant discrètement dans des espaces plus reculés. Mettons un Cash Converter en Corrèze, ou une brocante en Turquie.

- Wolfwood -
Moyenne : 2.08 / 5
Wolfwood
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.25/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation


Sorti dans l'Hexagone chez "South Pacific Vidéo", "Alerte dans le Cosmos" est également disponible sous le nom de "Cosmos 2050" chez Fil à film. Depuis peu une édition assez bas de gamme existe mais sans la moindre indication d'éditeur. Contrairement à ce que sa jaquette annonce il n'y a que la V.F. mais au moins la copie est correcte.


Diverses éditions étrangères sont parues comme celle de chez "Blue Underground". Plutôt avare en bonus, cette petite galette a au moins pour elle de contenir… une version française, en plus de l'anglaise (on doit sans doute ça au fait que le film est canadien). Pas de sous-titres à l'horizon en revanche, mais on ne peut pas tout avoir.