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Les 7 Magnifiques


Les 7 Magnifiques

Titre original :Hong fen bing tuan

Titre(s) alternatif(s) :Golden Queen's Commando, 7 Femmes Commandos, Amazon Commando, Black Fox Fury, Sexy Commando, Ladies Kickboxing, Black Cat, Jackie Chan's Crime Force, 7 Black Heroines

Réalisateur(s) :Chu Yin Ping (sous le pseudo de Lawrence Full)

Année : 1984

Nationalité : Taïwan

Durée : 1h30

Genre : Les 7 Salopardes

Acteurs principaux :Elsa Yeung, Brigitte Lin, Sally Yeh, Teresa Tsui, Hilda Yau, Sophia Ching, Silvia Pang...

Drélium
NOTE
3/ 5


Aaaaah, Chu Yin Ping, que voilà un véritable philosophe de l'exploitation dans le cinéma d'action asiatique ! Son truc à lui, c'est de mélanger un nombre incalculable de références cinématographiques bien connues de tous, mais très disparates : héros aux attitudes de cowboys, combats de films de guerre, costumes post-apocalyptiques, comédie graveleuse et j'en passe, dans un joyeux fourre-tout sans queue ni tête qui peut rebuter son public. Ce fut tout particulièrement le cas pour "Les 7 Magnifiques", 2ème volet d’une trilogie qui, malgré l'action omniprésente et la présence de la belle Brigitte Lin en star principale, sera un terrible flop et restera caché aux yeux du monde si longtemps qu'il reste encore difficile à découvrir de nos jours.
Qu'importe, car le vrai gourmet sait qu'une fois que Chu Yin Ping et son casting de sous-starlettes sont là, le spectacle sera au rendez-vous.


Une belle brochette !


Rien ne compte d'avantage pour l'ami Chu Yin Ping que d'enchaîner les scènes attendues par l'amateur de divertissement bas du front de l'époque. Ici, on trouvera donc une prison de femmesnazie en carton-pâte, un clan comique de méchants bandits, une meute de cavaliers simili-"Horde Sauvage" (les « Cavaliers de la Mort » !) à la poursuite d'une clique d'aventurières hors-la-loi version 7 salopardes, une petite apparition fantomatique de rigueur bien que hors-sujet (bah oui, la ghost kung fu comedy bat alors son plein), un penchant western spaghetti vite emballé, un zeste de James Bond et pas mal d'autres choses. Cet amas de bric et de broc évoque fortement la formule employée pour son cadet, le tout aussi indéfendable "La Mission Fantastique", tambouille informe mais étrangement attachante d'aventure-action avec Jackie Chan et Jimmy Wang Yu en vedettes. Et oui, eux aussi se sont fait avoir.


Une intrus se cache sur cette photo, sauras-tu la retrouver ?


Mais "Les 7 Magnifiques", c'est aussi la séquelle du bien plus indéfendable encore "Pink Force Commando", alias "La Guerre des gangs", où on retrouve d'ailleurs la même brochette de minettes bisseuses, ainsi qu'une séquence amenée à devenir mythique car reprise par IFD pour devenir son logo (et oui, c'est Joseph Lai qui est à la production) !


Dans le présent film, chaque actrice y représente un stéréotype du cinéma d'aventure. Clope au bec, Sally Yeh ("The Killer", "Roboforce") campe la Rambo spécialiste de la dynamite, Hilda Lau ("Massacre au Village") la sabreuse accro à la bouteille, Teresa Tsui l'amazone catcheuse tatouée, Silvia Pang la jeune voleuse espiègle, Sophia Ching la prostituée coquette assassine, et surtout Elsa Yeung ("Chinese Super Ninja 2", "Life of Ninja") la magnifique rebelle gothico-christique avec sa coupe Kim Wilde totalement anachronique et sa paire de lunettes de rideuse du même acabit. Terminons par la star, Brigitte Lin, qui incarne la meneuse flanquée d'une chapka et d'un cache-œil de pirate. Elle nous est présentée comme la plus dangereuse et venimeuse de ces 7 femmes intrépides lors d'un générique qui annonce d'emblée la couleur.
Aidées d'un montage brouillon plutôt perturbant, chaque guerrière a droit l'une après l'autre à sa fiche descriptive, nous faisant ostensiblement comprendre que ces filles sont des professionnelles de la tuerie armée, et qu'en conséquence, elles tuent et tuent encore, sans jamais faillir ni faiblir.


La présentation du générique.

Brigitte Lin, alias "Black Fox" (La Fouine en VF), la fille trop forte tellement elle est forte.

Sally Yeh, alias "Dynamite", la bikeuse warrior toujours prête à balancer une grenade ou deux pour aider une copine dans la mouise.

Elsa Yeung, alias "Black Cat" (La Panthère en VF), la Kim Wilde gothico-christique.

Teresa Tsui, alias "Amazon", la Hulk en peau de bête.

Lors de sa présentation de force pendant le générique, une belle rage de Miss Hulk appuyée par une incrustation expéditive de son parcours (sous-titres japonais en option).

Hilda Lau, alias "Brandy", une Zatoïchi vite emballée qui ne sait dire que : "J'ai soif !".

Sofia Ching, alias "Sugar Plum" (Prunella en VF), la prostipute serial-killeuse.

Et pour finir, Silvia Pang, alias "Quick Silver" (Vif Argent en VF), la chieuse. Hmm, pardon, la voleuse ingénue.


Jusque-là, on est légitimement en droit de trépigner à l'idée d'un divertissement bis sans limites. Malheureusement, l'action omniprésente est parfaitement représentative des zèderies taïwano-hongkongaises les plus mal foutues de l'époque, avec son lot de cascades à cheval déjà vues, sa surdose d'explosions gratuites, de saltos en contre-plongée, ses ennemis d'une incompétence rare, et malheureusement pour les cerveaux encore dignes, ses pointes d'humour de sidekicks insupportables de bêtise crasse.


La preuve que la prison nazie de femmes, ça rigole pas : on s’y bat à coups de bouillie de riz.

Le directeur nazillon.

Le bras droit secret tellement secret qu'on ne le voit qu'à la toute fin du film.


Notons pêle-mêle un dunk de basket extra-terrestre, une attaque de squelettes câblés en plastique, un concours ultra crétin entre les minettes et une bande de bandits bêtes comme leurs pieds, un commandant nazi / directeur de prison anti-charismatique qui nous fait une démo improbable de l'efficacité de ses défenses (par exemple en demandant au gardien d'une tour de tirer au pied des enceintes pour faire tout péter gratuitement, et ainsi expliquer qu'attention, au cas où vous ne le sauriez pas, y a des mines tout autour).


Admirez mesdames, le modèle architectural unique de ma prison haute sécurité.

La preuve que les Asiatiques savent sauter.

Des pièges dans la jungle à base de squelettes armés de sabres.


Après s'être échappées de leurs geôles par un stratagème des plus impensables, nos « 7 magnifiques » tombent bientôt nez à nez avec une bande de rebelles incapables (dont une sorte de cousin chinois de Alvaro Vitali)…


... qui leur proposent une sorte d'Intervilles mandchou à base d'épreuves toutes plus nazes les unes que les autres, très fortement inspirées de "Mon Nom est personne", thème musical repompé en prime.


Concours de nouilles…

…ou de tir à l'arc.

Des poses à la Sergio Leone…

…et même un petit fantôme (personne ne sait trop ce qu'il fait là, mais bon).


De nouveau en fuite, nos 7 héroïnes se font ensuite un petit repas en attendant que les Nazis arrivent. Au beau milieu de nulle part, elles déjeunent dans une coquette baraque où, surprise et mystère, se dévoile bientôt sur le mur une fresque de nos pimpantes héroïnes photographiées au moment de leurs méfaits, juste avant leur arrestation. Il faudra tout de même m'expliquer comment quelqu'un a pu prendre ces photos en pleine action au tout début du film alors que ces dames étaient toutes très éloignées les unes des autres et que tout se passait en même temps.


En noir et blanc haute résolution les photos svp, on est en 1940 ou bien, hé !

"Y aurait-il une traîtresse en ces lieux ?" s'écrie très logiquement Elsa.

Oh ben non, je me recoiffais moi.

A boire !

Hein !?


Non rien, c'était juste pour donner une idée de l'enchaînement des scènes et leur logique toute relative.


Pas grave, on est cool, c'est ce qui compte.


La VF confère un surplus de charme à des dialogues pas très finauds ("Va te faire voir chez les Coréens du nord !"), le scénario joue la carte western en transformant des Asiatiques en Mohicans, et renforce le "charisme" des filles qui s'avèrent tout à fait capables de jouer aux cartes pendant qu'une armée les attaque. Et n'oublions pas la BO qui n'hésite pas à piquer du lourd, avec "Psychose", "Alien", et tout un pan de l'oeuvre d'Ennio Morricone : les scores de "Colorado", "La Cité de la violence", "Le Ruffian", "Mon Nom est Personne" et "Le Bon, la brute et le truand", rien que ça.


Mais je vois que certains d'entre vous sont perdus dans ce mic-mac filmique. Pour vous éclairer un peu, voici la situation : nous sommes au début de la carrière du Taïwanais Chu Yin Ping qui a donc déjà pondu le foutraque et réjouissant "La Mission fantastique". Il enchaînera directement avec "La Guerre des Gangs", qui n'est qu'en partie antérieur à sa suite, puisque exploité avec des flashbacks de scènes tirées des "7 Magnifiques", sans doute ajoutées ultérieurement et ajoutant ainsi une dimension supplémentaire à l'énorme foutoir que constitue cette trilogie. "Pink Force Commando" (alias "La Guerre des gangs") est de 82, "Golden Queen Commando" (alias "Les 7 magnifiques") de 84. Mais la sortie vidéo de "Pink Force Commando" semble s'être accompagnée d'ajout de scènes de "Golden Queen Commando" pour essayer de relier les deux films et faire passer le premier comme la suite du deuxième (c'est plus clair, non ?).


Une VHS de "La Mission fantastique".

Une des nombreuses éditions VHS de "La Guerre des gangs".


Pour finir, Chu Yin Ping sortira "Seven Black Heroines" alias "Seven Foxes", et je le soupçonne aussi d'être responsable d'un certain "Commando Fury" sous le pseudo de Chester Yang. En bon yesman qui connait le business et les stars, Chu Yin Ping ratissera ensuite plus large, se faisant spécialiste des kids qui fightent avec la série des "Kung Fu Kids" ou, plus gras encore, la série des "Shaolin Popeye" et son duo de tataneurs en culottes courtes aux faux airs de Laurel & Hardy. Il passera encore par les cases aventure-action et autres "girls with guns" du pauvre avec insistance. Résistant aux changements d'époque, il rempile dans les 90's pour des films plus recommandables, bien que fortement timbrés, comme le sympathique et désespéré "Island of Fire", des polars d'action ultra bourrins comme "Hunting List" ou "Requital", ou même des comédies wu xia délirantes telles "Flying Dagger" (sorti en DVD chez Asian Star avec un cast sympathique de poids-lourds du circuit HK).


"Les 7 Magnifiques" se trouve donc en pleine période de forte nanardise pour Chu Yin Ping. Avec des moyens financiers semble t-il au-dessus de la moyenne (ce qui est un peu étonnant venant de la firme IFD), il délivre un film rapiécé assez typique de l'époque dans ses délires, mais avec une outrance supplémentaire qui n'appartient qu'à lui et assure l'essentiel de sa saveur. Autant dire que l'ensemble, bien qu'extrêmement mal foutu dans tous les compartiments (la mise en scène et le scénario en particulier), fleure bon l'action débile et l'excès de soirée déguisement, honorant pleinement sa nature d'oeuvre bisseuse au rythme agréablement soutenu. Au plaisir de se repaître du mauvais goût incroyable de l'ensemble (ces personnages secondaires tout de même…), s'ajoute celui de découvrir nos héroïnes attifées au lance-grenade qui friment comme des anciens du Vietnam et abattent du nazillon par grappes de douze en se la jouant reines de la tactique, un sens de l'improvisation aigüe en prime.


Une VHS québécoise.


Crétines mais attachantes, ultra stéréotypées mais singulières, et enfin pas motivées mais pourtant réjouissantes, cette bande de guerrières presque sexy vogue au galop sans se retourner jusqu'à un final multi-explosif, d'un niveau de n'importe quoi assez inédit dans le genre Aventure à la Indiana Jones. Elles ont la classe quand même, quoi.
Accordons le mot de la fin à la bande-annonce du film, qui n'hésite pas à nous promettre fièrement "une péripétie à la seconde", car "après les 7 samurais, les 7 mercenaires, voici les 7 magnifiques !".


Ouais, trop la classe, vous entendez !

Mais tirons-nous de ce film !

Trop taaaard...



- Drélium -
Moyenne : 3.06 / 5
Drélium
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
3.25/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
BF/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
A confirmer, mais je pense que le film est sorti au cinéma chez nous sous le titre "7 Femmes Commandos". Aujourd'hui, il n'existe à ma connaissance qu'un seul DVD officiel et c'est un pauvre rip de VHS frelatée, doté d'une flying jaquette couillue à souhait. On peut par ailleurs dégoter des DVD-R sur des sites de vente en ligne.


Golden Queen, c'est le film du bas, mais n'attendez pas Jackie sur le coup.


Pour profiter de la VF, c'est une longue quête de l'antique VHS "US Video" titrée "Les 7 Magnifiques" qui démarre. Mais ne désespérez pas, car "Ciné Budget" l'a aussi planqué sous la jaquette "Black Fox Fury", ainsi que "Socaï" dans sa collection "Brique".





Pour le plaisir, une VHS néerlandaise.